(Paris) Élèves et enseignants dans tous les collèges et lycées de France ont observé lundi une minute de silence pour l’enseignant tué par un islamiste vendredi et un autre professeur assassiné il y a trois ans, Emmanuel Macron appelant à être « impitoyable » face aux « idéologies terroristes ».

Trois jours après la mort de Dominique Bernard, professeur de français poignardé par un ex-élève radicalisé, devant un collège-lycée d’Arras, dans le nord du pays, le chef de l’État a promis que l’école resterait un « rempart contre l’obscurantisme » et un « sanctuaire » pour les élèves et les enseignants.

L’hommage rendu à M. Bernard sur fond de sécurité renforcée en France face à la menace d’attentats a été terni par une alerte à la bombe dans son établissement qui a contraint élèves et enseignants à évacuer les lieux en milieu de matinée. Elle a été levée à la mi-journée.

Au total, les établissements scolaires ont été la cible de 168 alertes à la bombe depuis la rentrée début septembre, a précisé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.  

Le président Macron a souligné que la mort de M. Bernard faisait « tragiquement écho à l’assassinat » d’un autre professeur, Samuel Paty, décapité il y a trois ans jour pour jour en banlieue parisienne par un islamiste après avoir montré des caricatures de Mahomet en classe.

PHOTO CHRISTOPHE ARCHAMBAULT, AGENCE FRANCE-PRESSE

En la mémoire de ces deux professeurs, une minute de silence a été observée lundi dans tous les établissements scolaires à 14 h (8 h heure de l’Est) et l’heure de reprise des cours dans les lycées et collèges avait été décalée à 10 h pour laisser un temps d’échange entre élèves et enseignants.

« Jamais la République ne pliera face au terrorisme », a assuré la première ministre Élisabeth Borne lundi dans le collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine où il enseignait.

En la mémoire de ces deux professeurs, une minute de silence a été observée lundi dans tous les établissements scolaires à 14 h (8 h heure de l’Est) et l’heure de reprise des cours dans les lycées et collèges avait été décalée à 10 h pour laisser un temps d’échange entre élèves et enseignants.

« C’était très important de se retrouver, ça fait retomber les tensions, car quand on est profs, on est très seuls », a témoigné Benjamin Marol, professeur en banlieue parisienne.

« C’est un des leurs qui a été tué, assassiné », a souligné dimanche le ministre français de l’Éducation Gabriel Attal, assurant qu’« aucune contestation », « aucune provocation » ne serait tolérée pendant cet hommage.

Perpétré par un jeune de 20 ans né en Russie et fiché pour radicalisation islamiste, l’attentat au couteau d’Arras, qui a fait aussi trois blessés, est venu raviver l’effroi et la sidération dans le pays, en particulier chez les enseignants.

Fiché pour radicalisation

Avant le début de cet hommage, Emmanuel Macron a appelé ses ministres à « incarn (er) un État impitoyable envers tous ceux qui portent la haine et des idéologies terroristes », a dit lundi un conseiller présidentiel à des journalistes.  

Le gouvernement veut accélérer l’expulsion de 193 étrangers radicalisés en situation irrégulière, a annoncé lundi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, au sortir d’une réunion de sécurité présidée par Emmanuel Macron après l’attentat d’Arras.

Sur ces 193 inscrits au fichier des personnes radicalisées (FSPRT), 85 « ne sont sans doute plus sur le territoire », a précisé l’entourage du ministre à l’AFP, précisant qu’il avait été demandé une « vérification au cas par cas » sur ces personnes. Au total, la situation de 2852 étrangers réguliers inscrits au FSPRT va être réexaminée, a précisé l’entourage du ministre.

Originaire de la République fédérale d’Ingouchie, l’assaillant d’Arras, Mohammed Mogouchkov, était fiché « S » (pour sûreté de l’État) et était suivi depuis peu par le renseignement intérieur (DGSI). Son père a été expulsé en 2018 pour radicalisation et son frère aîné est incarcéré pour sa participation à un projet d’attentat visant l’Élysée.

En 2014, la famille de l’assaillant avait été visée par une procédure d’expulsion, finalement annulée.

« Anxiogène »

Après l’attaque d’Arras et face au risque d’importation de la guerre entre Israël et le Hamas, la France a relevé vendredi à son degré maximum le niveau de l’« alerte attentat » et 7000 soldats devraient être déployés sur son territoire.  

Le ministre de l’Éducation nationale, qui a demandé le renforcement de la sécurité autour de tous les établissements, a annoncé aussi le déploiement de 1000 personnels de sécurité du ministère.

« C’est le contexte violent qui m’inquiète, pour mes élèves de 6e », a expliqué Marie Travert, professeure de mathématiques d’un collège de Betton, près de Rennes (ouest de la France).  

« On doit en plus faire cette semaine des exercices attentat-intrusion dans le collège, et reparler de ce qui s’est passé avec Samuel Paty. C’est assez anxiogène », ajoute-t-elle.