La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné mardi la Russie après une agression dont ont été victimes les membres du groupe punk féministe Pussy Riot en marge des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi en février 2014.

Les membres du collectif féministe très critique du régime de Vladimir Poutine interprétaient une nouvelle chanson à Sotchi quand ils ont été attaqués par des Cosaques, qui « les auraient empoignés, poussés, tirés et frappés à coup de fouet, et leur auraient projeté du gaz au poivre au visage », rappelle la CEDH.

Or, les Cosaques « sont financés et soumis à un contrôle étroit par l’État lorsqu’ils participent au maintien de l’ordre public ». En l’occurrence, ils « assistaient la police pendant les Jeux olympiques d’hiver de 2014 », rappelle encore la Cour, basée à Strasbourg.

Les membres des Pussy Riot se sont plaints à la police de l’agression dont ils avaient été victimes, mais « aucune procédure pénale ne fut jamais ouverte », souligne la CEDH.

« La Cour estime que l’État est responsable du recours des Cosaques à la force, qui n’était nullement justifié et qui a empêché le groupe d’interpréter sa chanson protestataire et ainsi d’exercer sa liberté d’expression de manière pacifique », indique la CEDH.

« Dans le contexte de la passivité flagrante de la police, la Cour estime que le recours injustifié à la force par les Cosaques a blessé les requérants, provoquant chez eux des douleurs physiques, de l’humiliation, de la crainte, de l’angoisse et un sentiment d’infériorité. Il s’analyse en un traitement dégradant, dont l’État russe était responsable », poursuit la CEDH.

Celle-ci considère ainsi que les autorités russes ont violé l’article 3 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, relatif à l’interdiction des traitements inhumains et dégradants et à l’absence d’enquête effective, ainsi que l’article 10, qui protège la liberté d’expression.

Moscou est donc condamné à verser à chacun des cinq requérants 15 000 euros pour dommage moral et 7200 euros pour frais et dépens.

La Russie a été exclue du Conseil de l’Europe en mars 2022 après l’agression de l’Ukraine, mais elle est toujours tenue d’exécuter les arrêts de la CEDH portant sur ses actions ou omissions survenues avant le 16 septembre 2022.