(Arafo) Les autorités espagnoles, au premier rang desquelles le premier ministre Pedro Sánchez, ont bon espoir que l’incendie monstre qui a dévasté en moins d’une semaine des milliers d’hectares sur l’île de Tenerife, dans l’archipel des Canaries, soit stabilisé « dans les prochains jours ».

« Espérons que la météo nous aide pour que nous puissions définitivement considérer l’incendie stabilisé dans les prochaines heures, les prochains jours », a déclaré lundi M. Sánchez à la presse lors d’une visite sur l’île, indiquant que les prochaines heures allaient être « très importantes ».

Il a également annoncé que l’état de catastrophe naturelle serait décrété afin de venir en aide à la population et assuré que le gouvernement allait « s’engager […] dans les travaux de reconstruction » de l’île, sans toutefois préciser à quelle hauteur sur le plan financier.

La visite du chef de gouvernement sortant dans cette zone nord-est de Tenerife est survenue alors que les autorités locales se sont montrées lundi relativement optimistes sur l’évolution de l’incendie, qui n’a fait aucune victime.

« Dans très peu de temps, nous pourrons probablement dire, avec une certaine prudence, qu’il [l’incendie] est stabilisé », a déclaré un responsable des services d’urgences des Canaries, Federico Grillo, ajoutant toutefois que tout dépendrait de l’évolution durant la journée de lundi, qui n’est pour le moment « pas mauvaise ».

Lundi après-midi, une partie des plus de 12 000 personnes évacuées ont ainsi pu commencer à retourner chez eux.

Au total, 14 898 hectares étaient partis en fumée lundi soirdans cette région très montagneuse de Tenerife, la plus grande des sept îles qui constituent l’archipel des Canaries, situé au large des côtes nord-ouest de l’Afrique.

Tenerife ayant une superficie totale de 203 400 hectares, la zone détruite par le feu représente près de 7,3 % de l’île, un chiffre qui donne une idée de la gravité de ce sinistre hors normes, l’un des pires qu’ait connus l’archipel.

PHOTO CESAR MANSO, AGENCE FRANCE-PRESSE

Depuis le début de l’incendie et au plus fort des évacuations, plus de 12 000 personnes ont été obligées de quitter leur domicile devant l’avancée du feu, qui n’a fait aucune victime.

Plus de 610 personnes sont à pied d’œuvre pour lutter contre les flammes, avec le renfort de 22 unités aériennes, a indiqué la protection civile lundi, soulignant que douze municipalités étaient affectées.

Les autorités ont recommandé aux riverains le port de masques FFP2 en raison de la mauvaise qualité de l’air et de la fumée émanant du sol.

Piste criminelle ?

Interrogé sur l’origine de l’incendie, le chef du gouvernement régional des Canaries, Fernando Clavijo, a affirmé lundi matin qu’il avait été « provoqué », se demandant « comment quelqu’un pouvait être aussi ignoble et bête pour mettre la vie de tant de personnes en danger », mais sans fournir de détails.

Interrogée par l’AFP, la Garde civile (équivalent espagnol de la gendarmerie) des Canaries n’a pas confirmé l’hypothèse d’un incendie provoqué intentionnellement. « L’enquête se poursuit, il est beaucoup trop tôt pour savoir. Il y a de fortes probabilités qu’il ait été provoqué, mais on ne peut écarter aucune piste pour le moment », a répondu une porte-parole.  

L’incendie est survenu entre deux vagues de chaleur sur l’île, qui compte de nombreuses zones asséchées, ce qui augmente le risque d’incendies de forêt.

Selon les experts, les phénomènes météorologiques extrêmes se sont intensifiés récemment en raison du réchauffement climatique, responsable d’épisodes de canicule et de périodes de sécheresse à la fois plus fréquents, plus longs et plus intenses. L’Espagne, qui connaît depuis dimanche sa quatrième canicule de l’été, se trouve en première ligne en Europe face au réchauffement climatique et à ses conséquences.

En 2022, 300 000 hectares ont été détruits par plus de 500 incendies en Espagne, un record en Europe, selon le Système européen d’Information sur les Feux de Forêt (EFFIS).

Depuis le début de l’année en cours, le pays a comptabilisé 340 incendies qui ont ravagé près de 76 000 hectares, selon les chiffres de l’Effis.