(Brienz) Le petit village suisse de Brienz, près de Davos, l’a échappé belle. Tout un pan de la montagne qui le surplombe s’est effondré jeudi, mais le mur d’éboulis s’est arrêté à l’orée de ce hameau vidé de ses habitants depuis des semaines.

Aux alentours de 17 h ( heure de l’Est ) jeudi, un million et demi de tonnes de roche ont cédé, provoquant un grondement énorme, le seul témoin de cet éboulement masqué par la nuit noire.

C’est au petit matin, en regardant les premières images des caméras de surveillance que les autorités ont pu pousser un ouf de soulagement : l’amas de pierres n’a « raté le village qu’à un cheveu près » et « les masses rocheuses se sont arrêtées juste avant lui ».

PHOTO ARND WIEGMANN, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’évacuation des 84 habitants de Brienz, dans le canton des Grisons, à une trentaine de kilomètres de Davos et une cinquantaine de Saint-Moritz, avait commencé le 9 mai.

Juste à côté de l’école se dresse un mur de gravât de plusieurs mètres de haut qui bloque une des routes permettant d’accéder au village, selon un communiqué des autorités locales diffusé dès potron-minet.  

« Selon les premières constatations, une grande partie de l’Insel ( le pan de montagne : NDLR ) s’est effondrée très rapidement », ont-elles précisé.  

Il n’y a plus de danger de grand éboulement menaçant Brienz, a déclaré Stefan Schneider, chef du système d’alerte lors d’un point de presse vendredi après-midi.

La masse qui s’est détachée dans la nuit représente environ 1,5 des 1,9 million de mètres cubes de roche dont l’effondrement est attendu, a précisé M. Schneider.

Pour autant, les 84 habitants du village, leur bétail et leurs animaux domestiques vont encore devoir prendre leur mal en patience avant de pouvoir rentrer chez eux.

« La sécurité du village n’est pas encore garantie. Nous devons surveiller les mouvements de la masse rocheuse effondrée ces prochains jours », a expliqué Andreas Huwiler, géologue du canton des Grisons, où se trouve le village dans le sud-est des Alpes. La pluie pourrait notamment faire bouger encore la masse rocheuse.

Pour autant, M. Huwiler estime qu’il y a « de très très grandes chances » que tous les habitants pourront rentrer chez eux.  

« C’est un des meilleurs jours depuis l’évacuation des habitants du village », s’est réjoui Daniel Albertin, le maire d’Albula, la commune dont fait partie Brienz.  

Si les habitations ont été épargnées, le Tour de Suisse cycliste a dû changer l’itinéraire de l’étape du jour qui repassait en dessous du village. L’épreuve a finalement été neutralisée à cause du décès du coureur suisse Gino Mäder qui s’était très grièvement blessé non loin de là la veille.

Les transports en commun et la distribution du courrier sont aussi perturbés par l’effondrement.  

Évacués

L’évacuation des 84 habitants de Brienz, dans le canton des Grisons, à une trentaine de kilomètres de Davos et une cinquantaine de Saint-Moritz, avait commencé le 9 mai. Le 12, élus locaux et services de secours s’étaient assurés une dernière fois sur place que les habitants et le bétail avaient bien quitté les lieux.

Pour aider les habitants privés de foyer, une cagnotte a été mise en place. Elle affichait 850 000 francs suisses ( une somme comparable en euros ) destinés aux personnes directement concernées.  

Le paiement est contrôlé par une commission présidée par une élue des Grisons au parlement fédéral.  

Le village est « en mouvement depuis la nuit des temps », car la terrasse sur laquelle il se trouve glisse inexorablement vers la vallée, rappelle la commune sur son site.  

Au cours des 100 dernières années, Brienz « a bougé » de quelques centimètres par an. Au cours des vingt dernières années, le glissement s’est fortement accéléré.

Pour freiner le processus, un tunnel d’un coût de 41 millions de francs suisses est creusé sous le village depuis 2021. Il doit permettre de drainer l’eau et ralentir le glissement.