(Athènes) Le premier ministre grec sortant Kyriakos Mitsotakis et 16 ministres, anciens membres du gouvernement et responsables des chemins de fer ont été visés mardi par une plainte d’un collectif de familles de victimes de l’accident ferroviaire meurtrier du 28 février, le plus grave que la Grèce ait connu.

La collision frontale à Tempé (centre) entre un train de voyageurs et un convoi de marchandises qui ont circulé sur la même voie sur plusieurs kilomètres sans qu’aucun système d’alerte ait été déclenché a fait 57 morts et des dizaines de blessés et provoqué un mouvement de colère contre le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis.

La plainte du « Collectif des personnes touchées par l’accident à Tempé » intervient à cinq jours des élections législatives en Grèce pour lesquelles la Nouvelle-Démocratie, le parti de droite que préside M. Mitsotakis, au pouvoir depuis quatre ans, est en tête dans les sondages.

« Je regrette que cette affaire fasse l’objet d’une instrumentalisation à quelques jours des élections », a réagi le premier ministre lors d’un entretien mardi soir à la chaîne privée Ant1.

Il a souligné que « la colère justifiée des proches de victimes, ne justifie pas de tels comportements », rappelant les efforts de son gouvernement sortant pour l’amélioration des systèmes de sécurité des chemins de fer après ce drame.

« Un jour important »

Mais pour le représentant du collectif des familles des victimes, Christos Konstantinidis, dont l’épouse a péri lors de cet accident, cette plainte est « importante ».  

« C’est un jour important aujourd’hui, plus important que les élections (législatives) de dimanche […], cette plainte vise 16 personnes élues et nommées », a-t-il dit aux médias devant le tribunal de Larissa, ville proche du lieu de l’accident, qui s’est chargé de l’enquête.

« Cela commence par le dirigeant du gouvernement, Kyriakos Mitsotakis, et les ministres et anciens ministres » des Transports, a ajouté M. Konstantinidis dont les déclarations ont été retransmises sur le site d’information local, Larissanet.

Il a souligné qu’« il faut dénoncer les responsables de (la catastrophe de) Tempé », qui « doivent rendre des comptes devant la justice ».

17 personnes visées

La liste diffusée par le site internet comprend en fait 17 personnes dont des responsables d’OSE, la société publique chargée du réseau ferré, et d’Hellenic Train, l’entreprise privée gérant le transport ferroviaire des personnes.    

De graves dysfonctionnements ont été mis en lumière dans les chemins de fer après cet accident qui a soulevé une vague de colère et d’importantes manifestations dans toute la Grèce.

Les retards pris dans la modernisation des systèmes de sécurité ont ainsi été montrés du doigt.

Kyriakos Mitsotakis avait tout d’abord évoqué une « tragique erreur humaine » pour expliquer ce drame avant de demander pardon pour les lacunes et les problèmes constatés dans le transport ferroviaire.

Le ministre des Transports, Kostas Karamanlis, avait démissionné le jour même.

Le chef de gare de Larissa, en poste ce soir-là, a été placé en détention provisoire après la tragédie, tout comme un inspecteur des chemins de fer. Deux autres chefs de gare ont été inculpés pour leur implication dans l’accident.

Le train de passagers reliait Athènes à Thessalonique, la deuxième ville grecque, dans le nord. La majorité des victimes étaient des jeunes, notamment des étudiants, de retour d’un week-end prolongé.