(Belfast) Les dirigeants politiques qui avaient négocié la paix en Irlande du Nord en 1998 ont appelé lundi le principal parti unioniste de la province, qui boycotte les institutions locales depuis un an, à accepter de former un nouveau gouvernement.

« La seule chose que je dirais aux dirigeants d’aujourd’hui c’est que je pense que quand vous prenez du recul et que vous réfléchissez, vous savez au fond de vous quelle est la bonne chose à faire, et vous devriez simplement avancer et la faire », a déclaré Tony Blair, premier ministre britannique en 1998.

Il s’exprimait lors d’une conférence organisée à Belfast, aux côtés notamment de l’ancien président américain Bill Clinton, à l’occasion du 25e anniversaire de l’accord du Vendredi saint qui a mis fin à trois décennies de violences en Irlande du Nord.

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Bill Clinton et Tony Blair

« Je plaide vraiment et j’espère profondément que le Parti unioniste démocratique (DUP) nous récompensera tous en restant sur le chemin [de la paix] avec nous », a abondé Bertie Ahern, ancien premier ministre irlandais.

« Parce que la population d’Irlande du Nord a besoin d’eux, et je pense que la population de l’île a besoin d’eux. Nous devons tous travailler ensemble », a-t-il ajouté.

Le DUP boycotte depuis plus d’un an les institutions locales d’Irlande du Nord pour protester contre les conséquences du Brexit dans la province, empêchant ainsi la formation d’un gouvernement aux pouvoirs partagés entre républicains et unionistes, comme le prévoit l’accord du Vendredi saint.

Et il n’est pas satisfait de l’accord conclu fin février entre le Royaume-Uni et l’Union européenne sur les règles des échanges commerciaux post-Brexit.

« Des solutions rapides sans bases solides rendront un mauvais service à ceux qui essaient de faire fonctionner les institutions », a ainsi estimé le chef du DUP Jeffrey Donaldson, après un entretien avec Bill Clinton.

L’ancien chef du Sinn Fein, parti républicain et ancien bras politique de l’Armée républicaine irlandaise en Irlande du Nord (IRA), Gerry Adams a lui enjoint le DUP à « se secouer », afin d’admettre la nouvelle réalité dans la province.

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L’ancien chef du Sinn Fein, Gerry Adams

Pour la première fois l’an dernier, le Sinn Fein est arrivé en tête aux élections, faisant surgir la perspective d’un référendum sur la réunification de l’île.

« Prenez part aux institutions, et ensuite discutez-en, révisez, examinez, tout ce que vous voulez, mais en premier lieu, allez là où vous ont porté vos électeurs », a-t-il argué.

Négocié avec une active participation américaine, l’accord de paix signé le 10 avril 1998 a mis fin à trois décennies d’affrontements meurtriers entre unionistes, surtout protestants, et républicains en majorité catholiques, avec l’implication de l’armée britannique.

L’actuel président américain Joe Biden, qui était mercredi dernier à Belfast pour l’anniversaire de l’accord, avait également appelé les forces politiques locales à surmonter leurs divisions. Mais les unionistes lui ont opposé une fin de non-recevoir, l’accusant de partialité.