(Dundalk) « C’est comme rentrer à la maison » : Joe Biden a savouré mercredi la première étape d’un voyage sur les terres de ses ancêtres irlandais, sans omettre un couplet plus politique sur sa « foi » en l’Amérique.

Prenant la parole dans un pub de la petite ville de Dundalk, dans le nord-est de l’Irlande, le 46e président des États-Unis a eu ce cri du cœur : « Quand vous êtes ici, vous vous demandez pourquoi vouloir en partir ».

Joe Biden faisait évidemment référence à ses ancêtres maternels qui ont fui la famine au XIXe siècle.

Mais le démocrate de 80 ans avait peut-être aussi en tête le contraste entre les États-Unis, pays profondément divisé où il n’est guère populaire, et l’accueil chaleureux reçu en République d’Irlande.  

« C’est merveilleux. C’est comme rentrer à la maison », a également lancé le président américain en visitant sous la pluie un château local.

Joe Biden s’est prêté à un long bain de foule, serrant des mains, bavardant et prenant des photos avec les nombreuses personnes venues l’attendre, bravant le mauvais temps et acclamant le passage de sa limousine blindée, surnommée « The Beast » (La Bête).

JFK

L’Irlande a accueilli bien des présidents depuis John Fitzgerald Kennedy en 1963, mais aucun qui ne se revendique d’elle autant que Joe Biden, par ailleurs le seul catholique à avoir conquis la Maison-Blanche depuis « JFK ».

L’accueil reçu en République d’Irlande a aussi offert un net contraste avec le climat plus tendu trouvé par le démocrate le matin même à Belfast.

Il y a fait une halte éclair pour célébrer les accords de paix signés le 10 avril 1998 après trois décennies de violences entre unionistes fidèles à Londres, majoritairement protestants, et républicains majoritairement catholiques, partisans d’un rattachement à la République d’Irlande.

Mais la commémoration bute sur une réalité politique bien plus difficile. Les institutions locales créées il y a 25 ans, au sein desquelles les deux communautés longtemps ennemies partagent le pouvoir, sont en effet bloquées en raison des conséquences du Brexit.

« J’espère que l’assemblée et le gouvernement (locaux) seront bientôt restaurés », a lancé Joe Biden à Belfast où il a aussi rencontré brièvement le premier ministre britannique Rishi Sunak.

Puis le démocrate de 80 ans s’est envolé pour ce qui lui tient le plus à cœur : cette visite de deux jours et demi en Irlande, loin des soubresauts de l’actualité internationale et des tracas de la vie politique américaine.

Les journalistes qui voudraient l’interroger sur de récentes fuites de documents confidentiels américains ou sur des sujets politiquement brûlants aux États-Unis tels que les armes à feu et l’avortement en seront pour leurs frais : Joe Biden n’a pas prévu de conférence de presse.

Son déplacement aura jeudi une dimension plus institutionnelle, avec un discours devant le Parlement à Dublin.

Mais dès vendredi, le voyage prendra à nouveau une tournure plus personnelle avec une visite dans un autre berceau de sa famille, la localité de Ballina, dans l’ouest du pays.

Joe Biden, qui avait déjà fait le voyage en 2016 comme vice-président, revient en Irlande non seulement comme président, mais aussi comme très probable candidat à sa réélection.

A Dundalk, il était difficile de ne pas entendre dans son discours, au-delà de l’émotion non feinte, des accents de campagne électorale quand Joe Biden a évoqué les « valeurs » transmises au sein du clan irlandais « modeste » dans lequel il a grandi en Pennsylvanie (est).

Il a vanté le « courage », « l’espoir », « la foi » en l’avenir comme des traits de caractère propres aux Irlandais comme aux Américains – dont 30 millions revendiquent des racines irlandaises.

Joe Biden, qui pourrait en 2024 affronter à nouveau son prédécesseur Donald Trump, mise sur un message d’optimisme alors que le milliardaire républicain se présente en rempart contre un « déclin » du pays.

« Nous devons continuer à travailler pour un avenir de plus grande dignité au moment où nous faisons face à l’obscurité », a conclu le président américain.