(Marseille) Vingt-quatre heures après la gigantesque explosion qui a soufflé un immeuble de quatre étages à Marseille, dans le sud de la France, les secours ont découvert deux premiers corps dans les décombres, sur huit personnes présumées disparues.

« Deux corps sans vie » ont été découverts ont indiqué les pompiers dans un communiqué peu après 1 h lundi. Mais « compte tenu des difficultés particulières d’intervention, l’extraction (des corps du site) prendra du temps ».

« Cette nuit la peine et la douleur sont grandes », a réagi dans un communiqué le maire de Marseille, Benoît Payan, sur place depuis le début pour coordonner les opérations.  

« Nous continuons à tout faire pour mener à bien les opérations de secours », a-t-il poursuivi, assurant que « tous les services de la Ville, accompagnés des services de l’État, sont toujours, en ce moment même, pleinement engagés pour poursuivre les recherches ».

La procureure de la République de Marseille avait indiqué plus tôt dimanche que les secours cherchaient toujours huit personnes présumées disparues dans les décombres d’un immeuble de quatre étages d’un quartier du centre, qui a été soufflé dans la nuit de samedi à dimanche par une explosion.

Depuis le début des opérations de secours, le travail des sauveteurs a été freiné par un incendie persistant sous les décombres.

L’intervention des chiens de secours a notamment été compliquée par ces conditions très difficiles.

L’explosion, « d’une extrême violence » selon la procureure Dominique Laurens, s’est produite à 0 h 46 dimanche, comme l’attestent les caméras de surveillance qui l’ont captée.

Le 17 rue de Tivoli, immeuble abritant cinq appartements dans un quartier plutôt résidentiel du centre-ville, a été totalement soufflé. Les deux immeubles contigus ont été très endommagés, mais tous leurs occupants ont pu s’échapper ou être sauvés par les pompiers.

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Un de ces immeubles s’est effondré plus tard dans la journée, ensevelissant la scène sous encore plus de gravats mais sans faire de blessés chez les sauveteurs. L’autre menace également de s’affaisser.

Pas d’enfants

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Les huit disparus sont « des personnes d’un certain âge et un jeune couple d’une trentaine d’années », mais il n’y aurait pas d’enfants ou de mineurs, avait précisé Mme Laurens. Elle a également évoqué une neuvième personne « qui serait actuellement recherchée au niveau du 19 rue de Tivoli ».

Cinq personnes ont été légèrement blessées et 33 au total « affectées », selon les autorités. Signe des effets ravageurs de l’explosion, 199 habitants du quartier-représentant 90 foyers-ont du être évacués et 50 ont demandé un relogement d’urgence.

Lors de la déflagration « tout a tremblé, on voyait les gens courir et il y avait de la fumée partout, l’immeuble est tombé sur la rue », a dit à l’AFP Aziz, un homme qui a préféré taire son nom de famille, mais a déclaré tenir un commerce d’alimentation nocturne rue de Tivoli.

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La cause de l’explosion était dimanche en fin de journée « impossible » à établir, selon la procureure, notamment en raison de l’impossibilité pour les experts judiciaires d’accéder au site non-sécurisé.

Odeurs de gaz

Mais « le gaz fait partie bien évidemment des pistes », a-t-elle indiqué, comme avant elle le préfet des Bouches-du-Rhône ou l’adjoint chargé de la sécurité à la mairie de Marseille, Yannick Ohanessian, selon qui plusieurs témoins ont évoqué des « odeurs suspectes de gaz ».

« On a très vite senti une forte odeur de gaz, qui est restée et qu’on a encore sentie ce matin », a ainsi indiqué à l’AFP Savera Mosnier, habitante d’une rue proche.

Toutes les sources insistent donc sur la différence avec un précédent effondrement de deux immeubles, insalubres ceux-là, en novembre 2018, rue d’Aubagne, dans un autre quartier du centre de Marseille.

Ce drame avait fait huit morts et traumatisé la population, suscitant une vague d’indignation contre le mal-logement dans cette ville où 40 000 personnes vivent dans des taudis, selon des ONG.

« Ce ne sont pas du tout des immeubles insalubres », a souligné la procureure, alors que M. Payan martelait que « faire le parallèle (avec la rue d’Aubagne, NDLR) serait irresponsable ».  

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Marseille a connu plusieurs effondrements mortels d’immeubles ces 40 dernières années.  

Le 11 janvier 1981, l’écroulement d’un bâtiment avait fait huit morts et 16 blessées dans le quartier pauvre du Canet.

Cinq personnes avaient péri en 1985 dans l’explosion accidentelle d’un immeuble près du boulevard du Prado et le 20 juillet 1996, une explosion due au gaz avait soufflé un immeuble de sept étages près de la gare, faisant quatre morts et 26 blessés.