La polémique enflait lundi autour des conditions dans lesquelles une militante altermondialiste de 73 ans a été blessée samedi pendant une charge des forces de l'ordre, notamment après des déclarations d'Emmanuel Macron, jugeant qu'elle aurait dû éviter de manifester dans un périmètre interdit.

Les images de Geneviève Legay, gisant le crâne ensanglanté sur la chaussée, en marge d'une manifestation de gilets jaunes à Nice, ont fait le tour des réseaux sociaux, souvent accompagnées d'une dénonciation des violences policières.  

Deux jours après les faits, le président français a souhaité à la septuagénaire un «prompt rétablissement, et peut-être une forme de sagesse» : «Quand on est fragile, qu'on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci», a estimé M. Macron dans un entretien avec le quotidien régional Nice-Matin.

Même son de cloche chez Christian Estrosi, le maire Les Républicains de Nice, connu pour sa poigne en matière de sécurité. «Ça suffit de taper sur la police! Il y avait une interdiction de manifester. Je souhaite un prompt rétablissement à cette dame qui [...] aurait pu parfaitement manifester à 14h là où c'était autorisé», a-t-il déclaré.

Une enquête a été ouverte pour déterminer le déroulement des faits qui ont valu à Mme Legay d'être hospitalisée dès samedi pour de multiples fractures au crâne.  

Un rassemblement de soutien doit avoir lieu lundi en fin d'après-midi et la famille doit porter plainte en début d'après-midi pour «violence en réunion avec arme par personne dépositaire de l'autorité publique contre personne vulnérable». Cette plainte visera également le préfet, a annoncé l'avocat de la famille Arié Alimi.  

«Qu'il y ait une interdiction de manifester, que la manifestation soit faite sans déclaration, cela importe peu : du point de vue du droit, la question est de savoir si la charge des forces de l'ordre était proportionnée ou pas et si l'infraction (de la part des policiers) est constituée», a souligné Me Alimi.

L'avocat a en outre fustigé les propos du président de la République, les jugeant «grossiers et indélicats» : «On ne critique par quelqu'un qui est sur un lit d'hôpital et nos aînés ont le droit d'exprimer leurs convictions politiques».

La réaction du chef de l'État a également suscité de virulentes critiques à gauche.  

«Monsieur Macron, notre Geneviève de Nice n'a pas besoin de vos leçons de sagesse. Vous auriez beaucoup à apprendre d'elle. Elle milite pour le bien des autres. Et vous, vous la frappez au nom de quoi?», a lancé sur Twitter Jean-Luc Mélenchon, le chef de file du parti de gauche radicale La France insoumise.