Washington a vivement reproché jeudi à l'Allemagne d'avoir extradé vers la Turquie un djihadiste inculpé aux États-Unis pour son rôle dans la mort de deux militaires américains.

Le Turc Adem Yilmaz a été condamné en 2010 en Allemagne à 11 ans de prison pour sa participation à une cellule islamique qui projetait des attentats dans le Sauerland, dans le sud-ouest du pays.

La justice américaine l'a de son côté accusé d'avoir joué un rôle dans un attentat à la bombe commis en 2008 dans la province de Khost, en Afghanistan, dans lequel deux soldats américains avaient été tués et onze blessés.

Les États-Unis ont formulé une demande d'extradition pour pouvoir le juger, mais un tribunal allemand a ordonné son transfert vers la Turquie à l'issue de sa peine.

«Nous sommes extrêmement déçus par la décision allemande», a déclaré le procureur général des États-Unis par intérim, Matt Whitacker, dans une déclaration au ton très vif.  

«Le gouvernement allemand a délibérément aidé Yilmaz à échapper à la justice en le faisant monter à bord d'un avion pour la Turquie», a-t-il poursuivi, accusant Berlin d'avoir «refusé de prendre ses responsabilités» violé le traité d'extradition avec Washington et «affaibli l'État de droit».

Le numéro deux de la diplomatie américaine John Sullivan, qui a rencontré mercredi le ministre allemand des Affaire étrangères Heiko Maas à Washington, a exprimé très clairement le «mécontentement» des États-Unis.

 «Les amis doivent être francs entre eux quand ils ont des sujets de mécontentement, et clairement les États-Unis sont mécontents dans cette affaire», a-t-il insisté devant la presse.

«Les États-Unis ne relâcheront jamais leurs efforts pour juger Yilmaz», a encore dit le porte-parole, assurant, sans plus de précisions, que Washington était «en contact avec les autorités turques pour se coordonner».

L'extradition «a été décidée par un tribunal indépendant, qui a respecté les critères de droit», a réagi une source diplomatique allemande sous couvert d'anonymat.

Les relations entre les États-Unis et l'Allemagne sont tendues depuis l'élection de Donald Trump en 2016.

La chancelière Angela Merkel a mis en garde le président américain contre la tentation de «détruire» le multilatéralisme après son retrait de nombreux traités (sur le nucléaire iranien, le changement climatique, le contrôle des armes...).  

Lui a multiplié les attaques frontales contre Berlin sur les questions commerciales, le niveau des dépenses militaires ou le débat migratoire.