Quelques milliers de « foulards rouges », selon l'estimation d'un journaliste AFP sur place, se sont élancés dimanche, sous la pluie, de la place de la Nation à Paris pour « défendre la démocratie et les institutions » face aux violences qui ont émaillé la crise des gilets jaunes.

Une évaluation en deçà des « 10 000 minimum » espérés dimanche matin par les organisateurs de cette « Marche républicaine des libertés », à laquelle 10 000 personnes avaient annoncé sur Facebook vouloir participer.

Alors que la tête du cortège scande « Oui à la démocratie, non à la révolution ! », les manifestants arborent quelques drapeaux français et une poignée de drapeaux européens. Certains portent des t-shirts sur lesquels est imprimé « J'aime ma république », et « stop aux violences ».

Ils répondent à un « appel à la majorité silencieuse qui reste terrée chez elle depuis dix semaines », selon les termes de l'initiateur de la marche, l'ingénieur toulousain Laurent Soulié.  C'est depuis sa page Facebook qu'il a lancé mi-décembre l'idée de cette marche, avant d'être rejoint par le collectif des « foulards rouges », né fin novembre pour protester contre les blocages, à condition que le défilé ne soit pas une manifestation de soutien au président Macron mais, plus largement, à la République.

« Les extrêmes à longueur d'interview »

« Je ne veux pas voir mon pays basculer dans la dictature », témoigne dans le défilé Christine, 63 ans, une cadre bancaire retraitée venue de Villeparisis (Seine-et-Marne).

Selon elle, « tous les extrêmes sont en train de parler à longueur d'interview, et on voit la montée des extrémistes partout en Europe, avec des chefs d'État comme Trump qui ont envie de voir l'Europe se liquéfier ».

« Je comprends qu'il y ait des problèmes de fin de mois, mais quand on doit évoluer on doit faire ce qu'on doit faire pour réussir », poursuit-elle. « On ne peut pas attendre gentiment dans son fauteuil des aides qui vont tomber ».

Nombre des « foulards rouges » qui prévoyaient participer à la manifestation disent avoir partagé certaines revendications des gilets jaunes, mais rejeter la violence « contre les institutions ».  

Marie-Line, 62 ans, est venue de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Cette cadre infirmière dans un hôpital public, qui n'était « pas contre l'idée originale [des gilets jaunes] de râler un peu », est « venue pour dire stop aux violences verbales ou physiques. »

« Ce n'est pas une manifestation contre les gilets jaunes, c'est une manifestation pour [leur] dire : Vous avez des revendications, nous les entendons mais il y a un autre lieu que la rue pour discuter, on ne va pas bloquer le pays et l'économie parce que on considère que le président est illégitime », déclare aussi sur place à l'AFP le sénateur François Patriat (LREM).

LREM en retrait

Si Laurent Soulié est un sympathisant assumé de La République en marche (LREM), le parti présidentiel et la majorité se tiennent pourtant à l'écart de cette initiative, malgré la présence, selon M. Patriat, d'une vingtaine de députés - dont Olivia Grégoire et Jean-Michel Fauvergue - et de six sénateurs à la manifestation.

« Cette marche et cette démarche ont toute ma sympathie, et pourtant je n'y participerai pas », car « on dirait tout de suite que c'est une récupération », a ainsi déclaré Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, au micro du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

Du côté des « foulards rouges », on s'efforce de dissocier le souci de libérer la parole de ceux qui ne se sentent pas « gilets jaunes », et un quelconque soutien au chef de l'État. Les députés LREM qui participent à la marche le font à titre individuel.

« Je pense aller à la manifestation sans écharpe, sans marquage, sans rien, dans un bon état d'esprit, quelques instants pour montrer qu'il y a aussi des gens qui sont aux côtés du gouvernement », avait expliqué la députée de Paris Olivia Grégoire.