L'un des accusés américains au procès relatif à l'accident du Concorde, un ex-chef d'équipe de Continental Airlines, a tenté d'expliquer mercredi pourquoi il avait validé sans la vérifier la réparation d'une lamelle perdue par un appareil de la compagnie américaine qui aurait causé le drame.

Stanley Ford, 70 ans, est accusé d'avoir validé «avec imprudence» la réparation, effectuée à Houston, au Texas, le 9 juillet 2000 par John Taylor, un chaudronnier également accusé, mais qui n'est pas présent au procès se déroulant au tribunal correctionnel de Pontoise, près de Paris.

Selon l'accusation, le Concorde d'Air France aurait, 16 jours plus tard, roulé sur cette lamelle d'une quarantaine de centimètres perdue par un DC10 de Continental Airlines qui avait décollé de l'aéroport parisien de Roissy quelques minutes avant le supersonique.

L'explosion d'un pneu aurait provoqué l'accident, qui a fait 113 morts le 25 juillet 2000 à Gonesse, en banlieue parisienne.

Stanley Ford a tenté d'expliquer que sa tâche était principalement administrative: il devait, à l'occasion d'une visite de maintenance, valider les opérations des mécaniciens, en signant les formulaires remplis une fois leur travail effectué. Sa propre signature constituait une attestation de remise en service de l'appareil.

«Il m'aurait été matériellement impossible d'inspecter les travaux de tout le monde», a-t-il fait valoir. «Il s'agissait de mécaniciens qualifiés» auxquels il faisait «confiance», a-t-il répété. Il considérait le chaudronnier qui a changé la lamelle incriminée comme «un expert tôlier».

En dehors des opérations de maintenance de routine ce jour-là, y a-t-il eu d'autres «anomalies» signalées, à part cette «bande d'usure» qui a dû être changée parce qu'elle dépassait du capot d'un moteur?, a demandé le procureur, Bernard Farret. Stanley Ford était-il responsable d'autres avions? Le chef d'équipe a reconnu que non.

«Vous aviez donc le temps de contrôler le travail de M. Taylor?», a insisté le procureur.

L'un des principaux experts judiciaires, Claude Guibert, a affirmé que John Taylor n'était pas dûment habilité pour valider sa propre réparation et que Stanley Ford aurait dû inspecter son travail.

La présidente du tribunal, Dominique Andréassier, s'est étonnée que Continental Airlines n'ait découvert que le 2 septembre 2000 l'absence de la lamelle sur le DC10, alors que des opérations de maintenance avaient eu lieu entre-temps.