Rio de Janeiro - Le Brésil est plus que jamais déterminé à se protéger des Américains sur la Toile depuis que des informations fournies par Edward Snowden révèlent que les communications cellulaires, les messages textes et l'ordinateur de la présidente brésilienne auraient notamment été espionnés par l'agence nationale de sécurité américaine (NSA).

Les autorités brésiliennes songent maintenant à forcer les géants de la Toile à implanter des centres de données au Brésil afin de pouvoir conserver l'information sensible en territoire brésilien. Actuellement, presque tout le trafic internet brésilien doit passer par d'immenses serveurs situés à Miami.

Le géant sud-américain entend également accélérer un projet des pays émergents membres du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) de se doter d'une fibre optique qui prendrait son origine au Brésil, passerait par l'Afrique, l'île Maurice et l'Asie, puis terminerait son périple en Russie.

Ce désir encore plus fort d'indépendance sur la Toile survient au lendemain de l'annonce par la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, de l'annulation de sa visite officielle à Washington en octobre, dans la foulée des révélations d'espionnage américain.

La présidente sur écoute

Il y a deux semaines, l'émission d'affaires publiques brésilienne Fantastico a révélé que les États-Unis auraient non seulement intercepté les communications de la présidente, mais aussi celles de milliers de Brésiliens, en plus de s'adonner à de l'espionnage commercial du géant pétrolier brésilien Petrobras.

Lors d'un entretien téléphonique avec Barack Obama, lundi, la présidente du Brésil a réitéré son indignation de voir un «pays ami» agir de la sorte et a informé son homologue qu'elle reportait sa visite prévue pour le 23 octobre. Dans un communiqué, Dilma Rousseff a déclaré qu' «en l'absence d'une enquête pouvant être réalisée rapidement, de même qu'en l'absence d'engagements à cesser ces activités d'interception, les conditions pour la réalisation d'une visite à la date prévue s'avèrent impossibles».