La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a déclaré lundi que le cas présumé d'espionnage par les services secrets américains du géant pétrolier brésilien Petrobras pourrait répondre à des intérêts «économiques et stratégiques».

«Si les faits se confirment, il deviendrait évident que l'espionnage (du groupe) n'est pas une question de sécurité ou de lutte contre le terrorisme mais qu'il répond à des intérêts économiques et stratégiques», a affirmé la présidente dans un communiqué.

Dimanche soir, la chaîne de télévision brésilienne Globo a révélé que les Américains avaient espionné les réseaux internet privés de Petrobras, la plus grande entreprise du Brésil. Ces accusations sont fondées sur de nouveaux documents de l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) fournis par l'ex-informaticien américain Edward Snowden au journaliste américain Glenn Greenwald qui vit à Rio de Janeiro.

«Ces tentatives de violation et d'espionnage de données et d'informations sont incompatibles avec la cohabitation démocratique entre des pays amis», a souligné Mme Rousseff.

«Nous prendrons toutes les mesures pour protéger le pays, le gouvernement et les entreprises», a ajouté la chef de l'État.

Le chiffre d'affaires annuel de Petrobras est de 280 milliards de reais (125 milliards de dollars) et la compagnie est le numéro un mondial dans l'exploitation de pétrole en eaux très profondes, avait souligné dimanche la TV Globo.

Petrobras a indiqué lundi soir dans un bref communiqué qu'elle «disposait de systèmes hautement qualifiés et régulièrement actualisés pour la protection de son Réseau interne d'ordinateurs (RIC)».

Le directeur des services de renseignements américains, James Clapper, avait répondu aux accusations d'espionnage dans un communiqué dimanche.

«Les États-Unis recueillent les renseignements étrangers - comme le font tous les gouvernements - pour améliorer la sécurité de leurs citoyens et protéger leurs intérêts et ceux de leurs alliés dans le monde», a-t-il affirmé.

«Ce que nous ne faisons pas, et nous l'avons dit à maintes reprises, c'est d'utiliser notre capacité de renseignements étrangers pour voler des secrets commerciaux de compagnies étrangères (...) et les fournir à des compagnies américaines pour améliorer notre capacité de concurrence internationale», a souligné M. Clapper.

Mais l'espionnage de Petrobras «contredit ce qu'affirme la NSA, qu'elle ne fait pas d'espionnage commercial», a insisté la TV Globo.

Il y a une semaine, cette même chaîne avait déjà révélé à travers des documents de Snowden datant de juin 2012 que les communications de la présidente brésilienne Dilma Rousseff et ses proches collaborateurs avaient été espionnées, des faits qualifiés «d'inacceptables» par Brasilia.

Brasilia attend des explications du président américain Barack Obama d'ici à mercredi.

Lundi, le ministre brésilien des Affaires étrangères, Luiz Alberto Figueiredo, est parti aux États-Unis où il rencontrera cette semaine la conseillère à la sécurité nationale, Susan Rice, pour discuter de ces accusations d'espionnage américain au Brésil, a indiqué ce ministère.

La réunion entre M. Figueiredo et Mme Rice est prévue mercredi ou jeudi, en principe à Washington, mais la date n'a pas été confirmée, a précisé une porte-parole à l'AFP.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff a abordé ce cas d'espionnage avec son homologue Barack Obama en marge du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg la semaine dernière où elle avait annoncé la rencontre entre Rice et Figueiredo.

Le gouvernement américain a également espionné les réseaux privés de communications du ministère français des Affaires étrangères, du système bancaire international Swift et de Google, outre la compagnie pétrolière brésilienne Petrobras, selon les documents fournis par Snowden.