À la suite de la décision du gouvernement haïtien de mettre fin aux recherches de survivants cette fin de semaine, le Canada se tourne vers la délicate opération du rapatriement des dépouilles canadiennes, parmi lesquelles se trouvera celle de l'ancien député Serge Marcil.

«Nous procédons le plus rapidement possible malgré les embûches logistiques nombreuses, notamment en ce qui a trait à l'identification des personnes et à la délivrance des documents appropriés», a déclaré hier le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.

 

Le plus récent bilan canadien fixe à 20 le nombre de morts - 207 Canadiens manquent toujours à l'appel. À ce jour, 2424 Canadiens ont été évacués et 60 attendent actuellement d'être rapatriés.

Devant l'inquiétude de certaines familles des victimes, M. Cannon s'est voulu rassurant en précisant que tous les corps, sans exception, seront identifiés puis rapatriés. Une équipe spécialisée de la GRC a été dépêchée sur place à cette fin.

La veille, par voie de communiqué, la présidente du Conseil du statut de la femme, Christiane Pelchat, avait annoncé la mort de son mari, Serge Marcil. Retrouvé dans les décombres de l'hôtel Montana, sous «des tonnes de béton», il serait mort sur le coup.

«Serge est mort dans une forme de solidarité avec plusieurs de ses amis haïtiens, a déclaré Mme Pelchat. Il était ici par choix, par amour pour ce peuple si attachant. Son âme est partie avec celles de dizaines de milliers d'Haïtiens.»

«Ce pays qu'on aime est dévasté, a-t-elle ajouté. Je pleure tous ceux qu'il a aimés et qui sont disparus avec lui. Mes pensées sont avec eux.»

Vice-président de la firme d'ingénierie SM International, M. Marcil avait siégé comme député à l'Assemblée nationale du Québec et à la Chambre des communes du Canada. Il a aussi été directeur général du Parti libéral du Québec, puis du Parti libéral du Canada.

Bilan des morts

Par ailleurs, le gouvernement haïtien a annoncé avoir retrouvé à ce jour 150 000 cadavres à Port-au-Prince et dans les environs, un bilan qui pourrait tripler dans les prochaines semaines.

«Personne ne sait combien de corps sont ensevelis sous les décombres: 200 000, 300 000, qui sait quel est le nombre total de morts?» a confié à l'Associated Press la ministre haïtienne des Communications, Marie-Laurence Jocelyn Lassègue.

Bien qu'un jeune homme de 25 ans ait été sorti vivant des décombres, samedi, le gouvernement Préval a décidé de mettre fin le jour même aux recherches, afin de se concentrer sur l'aide matérielle, alimentaire et médicale.

Selon les différentes estimations, entre 600 000 et 1 million de personnes sont sans abri dans la capitale haïtienne et ses environs. On évalue que cette situation pourrait se traduire par l'exode de près d'un million de personnes des villes à la campagne.

Devant une telle situation, la population canadienne n'a pas hésité à délier le cordon de sa bourse pour aider les sinistrés. Les sommes totales versées à ce jour atteignent plus de 67 millions de dollars, sans compter les dons amassés lors des émissions de collecte de fonds de vendredi soir.

À eux seuls, la Croix-Rouge et le Centre d'étude et de coopération internationale (CECI) ont recueilli vendredi quelque 6,7 millions grâce au concert Ensemble pour Haïti.

Surpris par l'«extrême générosité» de la population, le gouvernement Harper a décidé de hausser le plafond des dons qu'il s'engageait à égaler, fixé à 50 millions. «Il est nécessaire d'augmenter ce plafond et d'allouer la même somme dollar pour dollar», a indiqué le premier ministre, Stephen Harper.

Aux États-Unis, le téléthon animé par l'acteur George Clooney, auquel a participé une impressionnante brochette de vedettes comme Madonna, Bruce Springsteen et Bono, a permis de recueillir 58 millions US (61 millions CAN).