Le président palestinien Mahmoud Abbas et le chef du Hamas Khaled Mechaal ont appelé vendredi l'ONU, où un projet de résolution sur la bande de Gaza est en préparation, à établir «un calendrier pour la fin de l'occupation» israélienne dans les Territoires, a rapporté l'agence officielle du Qatar (QNA).

Cet appel a été formulé lors d'une rencontre à Doha qui a réuni autour de l'émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, les deux rivaux palestiniens, la deuxième en deux jours dans la capitale du Qatar, l'un des principaux parrains du mouvement islamiste palestinien.

Les participants ont évoqué «l'agression» israélienne dans la bande de Gaza, et souligné «l'importance d'agir à tous les niveaux pour mettre fin à l'agression, obtenir la levée du blocus de Gaza et réaliser toutes les revendications du peuple palestinien».

La rencontre a débouché sur «une entente pour entreprendre une action afin d'obtenir de l'ONU une résolution qui définisse un calendrier pour la fin de l'occupation et l'établissement d'un État palestinien indépendant aux frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale», a indiqué l'agence qatarie.

Cette démarche diplomatique a été dévolue à l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui chapeaute le gouvernement d'union formé récemment après la réconciliation entre l'Autorité et le Hamas.

«Les deux parties ont souligné que le gouvernement d'union nationale représente l'ensemble du peuple palestinien et veille sur ses intérêts», a rapporté l'agence qatarie dans son compte-rendu de la rencontre.

Cette rencontre était la seconde en moins de 24 heures entre les deux dirigeants.

Selon QNA, l'émir du Qatar a évoqué vendredi avec Ban Ki-moon «les efforts régionaux et internationaux en cours pour un arrêt de l'agression israélienne et la levée le blocus de Gaza», lors d'un entretien téléphonique à l'initiative du secrétaire général de l'ONU.

Alors que les négociations indirectes au Caire sur une trêve sont «mortes et enterrées» selon le Hamas, au Conseil de sécurité de l'ONU, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne préparent une nouvelle résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat et durable.

Ce document répond notamment aux inquiétudes des Israéliens en matière de sécurité et accorde aux Palestiniens leurs doléances.

Il demande également au secrétaire général de l'ONU de faire des propositions pour «mettre en oeuvre ces éléments dans une résolution» destinée à relancer les négociations de paix au Caire.

Au moins 2092 Palestiniens ont été tués depuis le début de cette guerre le 8 juillet, dont plus d'un quart d'enfants et d'adolescents. Côté israélien, 64 soldats ont été tués ainsi que quatre civils dans les tirs de roquettes.

«Le Hamas est l'EI»

Le gouvernement israélien a utilisé la photo de l'exécution du journaliste américain James Foley sur Twitter pour dénoncer le Hamas en l'associant à l'État islamique (EI), le groupe djihadiste qui a revendiqué cet assassinat, avant de la retirer vendredi après une volée de critiques.

Le premier ministre Benyamin Nétanyahou a publié cette image, associée à celle de combattants du Hamas traînant le corps d'un homme exécuté pour «collaboration» avec Israël. S'en prenant au mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza et avec lequel l'État hébreu est en guerre depuis le 8 juillet, il a écrit sur son compte officiel : «Le Hamas est l'EI. L'EI est le Hamas. Ils sont les ennemis de tous les pays civilisés».

Le compte officiel du ministère des Affaires étrangères a ensuite repris le même cliché, affirmant que «Les organisations terroristes islamistes comme l'EI et le Hamas sont les ennemis de la paix et de toutes les nations civilisées».

Le ministère a ensuite effacé ce tweet et un responsable a affirmé sous le couvert de l'anonymat que le fait «d'utiliser cette image était inapproprié» après que des médias se soient interrogés sur cette utilisation.

Un responsable du bureau de M. Nétanyahou, également sous le couvert de l'anonymat, a indiqué que la photo avait été retirée du compte officiel, mais que «le même message a été posté de nouveau». Le drapeau noir des jihadistes a été accolé au message à la place de la capture d'écran de l'exécution de James Foley.

L'image a ensuite été modifiée pour qu'apparaissent, en regard, l'exécution de soldats irakiens par l'EI et les exécutions de «collaborateurs» menées vendredi par le Hamas à Gaza.

L'un des dirigeants du Hamas, Ezzat al-Richq, a fermement rejeté sur Facebook «la tentative de Nétanyahou de mêler le Hamas à une autre organisation», y voyant «une campagne de désinformation». Il a également dénoncé l'utilisation de ce cliché «sans aucun respect pour les morts».

«Le Hamas est un mouvement de libération nationale, dont les membres combattent pour la liberté, pour leur peuple et ses droits», a-t-il encore écrit.

Mardi, l'EI avait diffusé une vidéo montrant l'un de ses combattants, vraisemblablement britannique, décapiter le journaliste américain James Foley, enlevé en 2012 en Syrie. Sa diffusion sur les réseaux sociaux avait provoqué la polémique et Twitter avait supprimé toute publication de cette vidéo ou de captures d'écran.