L'Iran, principal allié régional du régime syrien, a répété mardi être prêt à participer «sans préalable» à la conférence de paix internationale sur la Syrie, qui doit se tenir le 22 janvier à Genève.

«La présence de l'Iran à la conférence de Genève-2 sera importante afin de résoudre la crise syrienne, et nous sommes prêts à participer aux négociations sans préalable», a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, lors d'une conférence de presse à Téhéran.

La conférence de Genève-2 a été initiée par la Russie et les États-Unis afin d'amener régime et rebelles à la même table de négociations le 22 janvier, mais la liste des participants n'est pas encore définie.

La Coalition de l'opposition syrienne s'est dite prête à se rendre à Genève à la condition que le président Bachar al-Assad ne joue aucun rôle dans la phase transitoire.

Le régime et son allié iranien excluent totalement un départ de M. Assad avant l'élection présidentielle prévue en 2014.

Lors de la réunion de Genève-1, en juin 2012, les participants s'étaient mis d'accord sur la formation d'un gouvernement de transition tout en passant sous silence le sort de M. Assad. Mais l'Iran n'a pas entériné formellement la déclaration adoptée à cette occasion.

Selon la France et les États-Unis, Genève-2 pourrait aboutir à l'établissement d'un gouvernement de transition.

De son côté, le régime syrien a estimé mardi que «la lutte contre le terrorisme visant les citoyens syriens est un point crucial pour la réussite de toute solution pacifique». Le régime qualifie de «terroriste» les rebelles dans leur ensemble.

M. Zarif a également répété que «la solution politique est la seule voie pour résoudre la crise syrienne» qui a fait quelque 120 000 morts depuis son début en mars 2011 selon une ONG.

«Cette solution peut être trouvée», a-t-il souligné.

L'opposition syrienne accuse l'Iran de soutenir militairement sur le terrain le régime de M. Assad, ce que dément Téhéran qui admet un soutien économique et financier et évoque la présence de «conseillers» auprès de l'armée syrienne.

Téhéran confirme des discussions secrètes avec Washington

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a confirmé mardi l'existence de discussions secrètes avec les États-Unis avant l'accord trouvé dimanche à Genève, affirmant que ces entretiens bilatéraux s'étaient limités à la question nucléaire, écartant un éventuel rapprochement avec Washington.

«Nos discussions se sont limitées à la question nucléaire», a affirmé M. Zarif, qui a mené les négociations avec les grandes puissances du 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) sur le programme nucléaire controversé de Téhéran.

«Les spéculations sur des discussions portant sur d'autres questions sont complètement fausses et nous nous sommes concentrés sur la question nucléaire», a-t-il souligné.

Les deux pays ont rompu leurs relations diplomatiques après la Révolution islamique de 1979, et toute décision concernant des contacts ou un rapprochement avec Washington reste la prérogative du Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

M. Zarif avait rencontré en tête à tête le secrétaire d'État américain John Kerry fin septembre à New York, une première historique. Les deux responsables avaient ensuite passé plusieurs heures en entretien bilatéral en marge des négociations avec le 5+1 à Genève en novembre.

«Dans les discussions (bilatérales) en marge du 5+1 il y avait plusieurs pays, dont les États-Unis», a déclaré M. Zarif, interrogé sur l'existence de discussions secrètes entre Téhéran et Washington ces derniers mois révélées par le site internet Al-Monitor, spécialiste du Moyen-Orient.

«Et nous avons dit clairement que l'Iran n'avait pas de problème pour discuter avec toutes les parties (...) de la résolution de la question nucléaire», a-t-il ajouté.

Après la signature de l'accord, dans la nuit de samedi à dimanche, un haut responsable américain avait confirmé que les États-Unis avaient eu «un petit nombre de discussions bilatérales avec les Iraniens depuis l'élection du président (Hassan) Rohani» en juin. Ces discussions étaient destinées «à renforcer les négociations au sein du P5+1», avait-il ajouté.

Selon Al-Monitor, qui cite des responsables anonymes américains, les discussions avaient débuté avant l'élection de M. Rohani.

Dans son discours à l'occasion du Nouvel An iranien le 21 mars, l'ayatollah Khamenei avait déclaré que les Américains avaient «envoyé des messages pour que l'on ait un dialogue direct sur le nucléaire (...) en marge des négociations avec le groupe 5+1. Je ne suis pas optimiste sur un tel dialogue (...), mais je n'y suis pas opposé».

Ali Akbar Salehi, l'ex-chef de la diplomatie (2010-2013), a refusé dimanche de commenter les révélations d'Al-Monitor.

L'accord intérimaire trouvé à Genève, valide six mois, limite les activités nucléaires de l'Iran en échange d'une levée partielle des sanctions occidentales. Il doit conduire à un accord global d'ici un an.