La Russie a bloqué jeudi à l'ONU un projet américain de déclaration appelant à prendre des «mesures significatives» contre la Corée du Nord, arguant notamment que le missile tiré mardi par Pyongyang était de moyenne portée et non intercontinental.

Les États-Unis et l'ONU affirment que le Hwasong-14 avait une portée intercontinentale, ce qui marque un succès majeur pour le régime de Pyongyang, dont l'objectif avoué est d'être en mesure de menacer le sol continental américain du feu nucléaire.

Le texte proposé par les États-Unis rappelle que le Conseil de sécurité s'était mis d'accord pour prendre «de nouvelles mesures significatives» en cas de nouvel essai nucléaire ou de missile balistique, auquel cas l'instance exécutive de l'ONU «commencerait à travailler immédiatement sur ces mesures».

Le texte condamne en outre fermement l'essai de missile, préparant la voie à un projet de résolution instaurant des sanctions plus sévères contre la Corée du Nord.

La représentation russe aux Nations unies a de son côté affirmé qu'elle n'avait pas bloqué la déclaration mais simplement suggéré aux États-Unis «qu'ils y apportent les modifications appropriées».

«La délégation russe ne peut pas accepter de qualifier le lancement d'essai de missile balistique intercontinental», a écrit la représentation dans un communiqué, soulignant à nouveau que le ministère russe de la Défense estimait qu'il s'agissait en fait d'un missile de moyenne portée.

Washington a refusé d'éliminer une référence au missile intercontinental et les négociations sur ce texte ont donc pris fin, selon des diplomates. Les communiqués du Conseil de sécurité doivent être soutenus à l'unanimité.

L'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley a déclaré mercredi qu'elle présenterait un projet de nouvelles sanctions dans les prochains jours.

Mme Haley avait estimé que l'essai de missile constituait une «claire et nette escalade militaire» de la Corée du Nord et prévenu que les États-Unis étaient prêts à utiliser leur force militaire mais qu'ils «préféraient ne pas devoir aller dans cette direction».

L'ambassadeur adjoint de la Russie à l'ONU Vladimir Safronkov a de son côté estimé que les sanctions n'allaient «pas résoudre le problème» et que «toute tentative de justifier une solution militaire était inadmissible».

«Les tentatives d'étrangler économiquement la Corée du Nord sont également inacceptables, alors que des millions de Nord-Coréens ont besoin d'aide humanitaire», avait-il ajouté.

Le numéro un nord-coréen Kim Jong-Un avait affirmé que ce tir, le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine, était un «cadeau» aux «salauds d'Américains».

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L'ambassadeur adjoint de la Russie à l'ONU, Vladimir Safronkov.