Un nouvel attentat a ensanglanté mardi à une heure de grande affluence la capitale syrienne, tuant au moins 13 personnes, au lendemain d'une attaque ayant visé en vain le premier ministre.

Réagissant avec célérité à deux tirs de missiles sol-air lundi en direction d'un avion de ligne russe qui survolait la Syrie avec environ 200 passagers à son bord, Moscou a décidé d'interdire le survol de ce pays à son aviation civile.

Mardi matin, près de 24 heures après un attentat qui avait visé sans l'atteindre le premier ministre Waël al-Halaqi, une voiture piégée a explosé à Marjé, un quartier commercial dans le coeur de Damas, où se presse chaque jour une foule dense dans les boutiques de vêtements et de nourriture.

«Le lâche attentat terroriste, qui a visé le centre commercial et historique de Damas, a fait selon un bilan provisoire 13 martyrs et plus de 70 blessés, dont certains dans un état critique», a affirmé sur place le ministre de l'Intérieur Mohammad Al-Chaar, qui a été grièvement blessé à deux reprises dans des attentas.

«Il s'agit de la réponse aux victoires remportées par les forces syriennes sur le terrain contre le terrorisme», a ajouté ce ministre, cité par la télévision officielle. Le régime qualifie de «terroristes» les rebelles.

Pour sa part, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui bénéficie d'un large réseau de militants, médecins et avocats sur le terrain, a fait état de «14 tués - neuf civils et cinq membres des forces de l'ordre - dans un attentat à la voiture piégée près de l'ancien siège du ministère de l'Intérieur».

«Quelle faute avons-nous commise? J'allais à mon travail. Regardez les cadavres. Est-ce cela la liberté qu'ils réclament?», a déclaré un homme d'une quarantaine d'années interrogé par la télévision syrienne.

La télévision officielle a montré deux corps gisant sur la chaussée, une fumée grise s'élevant du lieu de l'explosion, alors que des pompiers tentaient d'éteindre les incendies provoqués par l'attentat.

Plusieurs voitures étaient calcinées. Les vitres du bâtiment du ministère de l'Intérieur ont été soufflées et un ensemble commercial, appelé Bourj Dismshiq, a été dévasté.

Dans une lettre, le ministère syrien des Affaires étrangères a «demandé une nouvelle fois au Conseil de sécurité de l'ONU de prendre une position ferme contre le terrorisme».

Raids aériens

L'armée de l'air a également bombardé le quartier de Jobar à Damas, les provinces de Homs (centre), Raqa (nord), Lattaquié (nord-ouest), de Damas et d'Idlib (nord-ouest) et la périphérie de l'aéroport de Mennegh, au nord d'Alep, que les rebelles tentent de prendre, tuant 15 insurgés.

Les violences ont causé lundi la mort de 159 personnes - 36 soldats, 65 rebelles et 58 civils, selon l'Observatoire -.

Par ailleurs, la Russie, principal allié du régime de Bachar al-Assad, a interdit pour une durée indéterminée tous les vols civils au-dessus de la Syrie, au lendemain d'un incident impliquant un appareil russe transportant 200 passagers, qui aurait été visé par deux tirs de missiles sol-air.

Par ailleurs, la couverture de cette guerre reste toujours aussi périlleuse pour la presse, un journaliste italien étant porté disparu depuis une vingtaine de jours.

Domenico Quirico, qui travaille pour le quotidien italien La Stampa, était entré en Syrie clandestinement en provenance du Liban le 6 avril. Tout contact avec lui a été perdu depuis un message téléphonique remontant au 9 avril.

Selon Reporters sans frontières (RSF), sept journalistes sont portés disparus en Syrie, tandis que 23 autres ont été tués depuis le début du conflit en mars 2011, de même qu'au moins 58 journalistes-citoyens.