Le Conseil de sécurité de l'ONU a tenu jeudi une réunion informelle à huis clos, à l'initiative des États-Unis, sur des accusations d'utilisation de chlore comme arme chimique en Syrie en violation de résolutions de l'ONU.

Les ambassadeurs des 15 pays membres devaient entendre des témoignages d'un médecin syrien, le Dr Saher Sahloul, sur l'utilisation présumée de gaz de chlore à Idleb (nord-ouest de la Syrie) en mars, et de Qusai Zakarya, un survivant d'une attaque aux armes chimiques perpétrée près de Damas en août 2013.

Cette attaque avait été attribuée par les Occidentaux au régime syrien. Damas avait ensuite accepté, sous la menace de frappes américaines, de se débarrasser de son arsenal chimique sous supervision internationale, conformément à une résolution de l'ONU adoptée en septembre 2013.

L'ambassadrice jordanienne Dina Kawar, qui préside le conseil en avril, a estimé jeudi «qu'il était temps d'agir», non seulement pour faire cesser ces attaques, mais pour relancer un processus de règlement politique en Syrie. Sinon, a-t-elle ajouté devant des journalistes, «nous aurons encore des morts et des problèmes supplémentaires».

L'organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), qui a supervisé avec l'ONU le désarmement chimique syrien, mène une enquête sur l'utilisation de gaz de chlore en Syrie et le Conseil se basera sur ses conclusions pour prendre éventuellement des mesures.

Washington, Londres et Paris accusent le régime syrien d'avoir mené les attaques au chlore, soulignant que seules les forces syriennes disposent des hélicoptères nécessaires pour répandre le gaz.

L'organisation des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a accusé mardi le régime syrien d'avoir largué à six reprises en mars dernier des barils remplis de chlore dans le nord-ouest du pays sous contrôle rebelle et a appelé le Conseil à agir.

Selon HRW, les six attaques se sont produites entre le 16 et le 31 mars dans la province d'Idleb: trois contre la localité de Sermine, une contre la ville d'Idleb, une contre Qmenas et une sixième contre Binish. Elles ont causé la mort de six personnes à Sermine et 206 autres ont été affectées, dont 20 employés de la défense civile.

«Jusqu'à présent, le gouvernement syrien n'a payé aucun prix pour avoir commis un crime de guerre avec des armes chimiques interdites», a affirmé le directeur de HRW pour l'ONU Philippe Bolopion. «Les membres du Conseil, y compris la Russie, doivent rapidement mettre en place une enquête crédible pour établir la responsabilité de l'utilisation de produits chimiques toxiques».