L'armée syrienne et les rebelles ont accepté d'arrêter vendredi pour une durée de quatre jours les combats, mais chacun a déjà fait porter jeudi sur son adversaire la responsabilité d'une rupture de la trêve proposée par l'émissaire international Lakhdar Brahimi.

« À l'occasion de l'Aïd al-Adha, le commandement des forces armées syriennes annonce l'arrêt des opérations militaires sur le territoire de la république à partir de vendredi matin et jusqu'à lundi », selon un communiqué lu à la télévision d'État.

Le texte ne précise pas l'heure de début et de fin de cette trêve, alors que les belligérants sont aux prises à travers tout le pays.

L'armée « se réserve le droit de riposter si les groupes terroristes armés continuent à tirer sur les civils et les forces gouvernementales, à attaquer les biens publics et privés, ou à utiliser des voitures piégées et des bombes », poursuit toutefois le texte.

Le régime assimile rebelles et opposants à des « terroristes ».

Les troupes pourront aussi faire usage de leurs armes si les rebelles « renforcent leurs positions ou acheminent des combattants et des munitions » ou encore « si les pays limitrophes font passer des terroristes à travers leurs frontières ».

Peu après, les rebelles annonçaient à leur tour qu'ils arrêteraient les combats, mais riposteraient durement en cas d'attaque de l'armée régulière.

« Nous allons respecter le cessez-le-feu à partir de vendredi si l'armée syrienne en fait autant. Mais si elle tire une seule balle, nous répondrons avec cent balles. Nous nous réservons donc le droit de riposter », a affirmé à l'AFP le général Moustapha al-Cheikh, contacté par téléphone en Turquie où il est basé.

Le chef du commandement militaire supérieur de l'Armée syrienne libre (ASL) a cependant tenu à préciser qu'il ne parlait pas au nom de tous les rebelles.

« Il n'y a pas de commandement unifié de toutes les factions. Nous parlons au nom d'un assez grand nombre de combattants, mais il y a d'autres factions armées qui suivent d'autres commandements », a-t-il dit.

De fait, mercredi déjà, le groupe islamiste le Front Al-Nosra, qui a revendiqué de nombreux attentats contre le régime en Syrie, avait catégoriquement rejeté le cessez-le-feu.

« Il n'y a pas de trêve entre nous et ce régime qui fait couler le sang des musulmans », a affirmé le Front Al-Nosra, en disant se méfier des intentions du régime du président Bachar al-Assad. « Nous, si Dieu le veut, ne sommes pas parmi ceux qui donnent une chance aux comploteurs pour nous tromper », avait-il assuré.

Si ce cessez-le-feu est effectivement mis en place, il s'agira du premier à être respecté en Syrie, en proie depuis la mi-mars 2011 à une révolte populaire devenue conflit armé face à la répression.

Le 12 avril, un cessez-le-feu proclamé à l'initiative de Kofi Annan, le prédécesseur de M. Brahimi, et pour lequel les deux belligérants avaient donné leur accord, avait volé en éclats au bout de quelques heures, même si les combats avaient baissé en intensité.