Le régime syrien, en proie à une contestation qui ne faiblit pas, a accepté que le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi se rende à Damas pour trouver un règlement à la crise dans le pays où le répression a fait 12 morts dimanche.

D'autre part, les médias officiels ont fait état de la mort de six militaires, trois civils et trois assaillants dans une embuscade à Maharda (centre) attribuée à une «bande armée».

«J'ai été informé que la Syrie accueillait favorablement» une telle visite, qui aura lieu «probablement cette semaine», a déclaré M. Arabi dans une conférence de presse au siège de la Ligue arabe au Caire. «Je vais exprimer l'inquiétude arabe et je vais écouter».

M. Arabi devrait présenter une initiative arabe visant à régler la crise dans ce pays en proie à un mouvement de contestation du régime du président Bachar al-Assad qui se poursuit depuis la mi-mars malgré une répression sanglante.

Réunis la veille au Caire, les ministres des Affaires étrangères arabes avaient appelé la Syrie à «mettre fin à l'effusion de sang et à suivre la voie de la raison avant qu'il ne soit trop tard», en exprimant leur «inquiétude face aux développements graves sur la scène syrienne qui ont fait des milliers de victimes et de blessés».

Mais les délégués syriens auprès de la Ligue avaient rejeté ce communiqué en le qualifiant de «violation (...) claire des principes de la charte de la Ligue et des fondements de l'action arabe conjointe».

Sur le terrain, des militants ont fait état de la mort dimanche de 12 personnes tuées lors d'opérations sécuritaires dans le nord-ouest et le centre du pays alors que les médias officiels faisaient état de neuf tués, dont six militaires, dans une embuscade dans le centre du pays.

«Quatre personnes sont mortes à Karnaz, près de la ville de Mahradé (centre)», a déclaré Omar Idlebi, porte-parole des Comités locaux de coordination (LCC), un des mouvements animant la contestation contre le régime du président Bachar al-Assad.

Dans la région d'Idleb (nord-ouest), «deux personnes ont été tuées à Khan Cheikhoun, trois à Tahtaya et une à Jabala, ainsi qu'une femme à Saraqeb, par des tirs des forces de sécurité qui menaient des opérations», a-t-il ajouté.

En outre, «une personne a été tuée par des tirs des forces de sécurité sur un bus dans la ville d'Idleb».

Selon M. Idlebi, «les opérations sécuritaires dans la région sont destinées à traquer le procureur général de Hama (centre) Adnane el-Bakkour», qui avait annoncé sa démission en dénonçant les exactions du régime.

M. Bakkour avait annoncé sa démission dans une vidéo diffusée sur internet mercredi soir, mais les autorités ont démenti ses propos, affirmant que le procureur avait été enlevé et qu'ils avaient été arrachés sous la contrainte.

L'agence de presse officielle Sana a pour sa part fait état de la mort dimanche de six militaires et trois civils dans une embuscade dans le centre de la Syrie.

«Un officier, cinq sous-officiers et trois civils ont été tués ce matin à Maharda (centre), dans une embuscade tendue par une bande armée qui a tiré sur un bus transportant des militaires et des ouvriers se rendant à leur travail», a rapporté Sana.

L'embuscade a fait également 17 blessés, a ajouté l'agence, selon laquelle trois des assaillants ont été tués et un quatrième grièvement blessé par une patrouille de sécurité.

Vingt-sept personnes ont été tuées vendredi et samedi dans des opérations des forces de sécurité et de l'armée à travers le pays.

Selon l'ONU, les violences en Syrie ont fait au moins 2.200 morts depuis le début des manifestations contre le régime à la mi-mars, en majorité des civils, et selon les militants, plus de 10.000 personnes ont été arrêtées.

Pour discuter d'un meilleur accès aux détenus et aux zones des violences, le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Jakob Kellenberger, se trouve depuis samedi en Syrie où il doit rencontrer le président Assad.

La chef de la délégation du CICR à Damas, Marianne Gasser, a déclaré que le CICR avait pu se rendre dans des villes en proie aux troubles et s'est dite confiante dans les possibilités de pouvoir commencer à rencontrer des détenus.

Lors de la dernière visite de M. Kellenberger en Syrie en juin, un accord avait été conclu sur ces deux sujets, et cette nouvelle visite a pour objectif de «mesurer les progrès accomplis dans ces deux domaines depuis le mois de juin», selon un communiqué du CICR à Genève.

Pour amener Damas à mettre fin à la répression, l'Union européenne a décrété vendredi un embargo sur les importations de pétrole syrien. Les pays européens représentent 95% des débouchés actuels du pétrole syrien.

La Russie en revanche a désapprouvé l'embargo, arguant que des sanctions unilatérales détruisaient «la possibilité d'une approche commune face à une crise». La Russie et la Chine sont opposées à des sanctions contre la Syrie.