Le militant chiite bahreïni Nabil Rajab, poursuivi pour participation à des manifestations interdites, a été libéré lundi, tandis que l'opposant Abdel Hadi al-Khawaja, condamné à perpétuité pour complot, a décidé de cesser une grève de la faim de 110 jours.

Les deux hommes soutiennent la contestation lancée il y a plus d'un an par la majorité chiite dans ce pays dirigé par une dynastie sunnite.

Nabil Rajab «vient d'être libéré» en échange d'une caution de 300 dinars bahreïnis (800 dollars), a annoncé à l'AFP son avocat Me Mohamed al-Jishi.

M. Rajab, qui a interdiction de voyager, est poursuivi au total dans trois affaires, une pour insultes aux autorités et deux autres pour avoir participé à des manifestations interdites.

La défense a demandé que les trois affaires soient réunies en une seule, a indiqué Me Jishi, ajoutant que le tribunal avait décidé d'examiner cette requête le 16 juin.

M. Rajab a quitté un poste de police de Manama, dans lequel il a signé les documents de sa remise en liberté, en faisant le signe de la victoire. Il était entouré de membres de sa famille et d'un certain nombre de ses partisans.

«J'ai été arrêté en raison de mes activités dans le domaine de la défense des droits de l'Homme», a-t-il déclaré, en s'engageant à «continuer à réclamer le respect des droits, à professer la parole libre et à défendre les faibles».

M. Rajab, qui dirige le Bahrain Centre for Human Rights, avait été arrêté le 5 mai sous l'accusation d'insultes proférées contre les autorités sur son compte Twitter.

La justice avait décidé de le libérer sous caution dans l'affaire des tweets, mais l'avait maintenu en détention pour les deux autres chefs d'inculpation.

Procès en appel

Lors d'une récente réunion à Genève du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, plusieurs pays avaient de nouveau demandé à Manama de libérer tous les prisonniers politiques, dont M. Rajab.

De son côté, l'opposant Abdel Hadi al-Khawaja, condamné à la prison à vie pour complot, va arrêter lundi soir sa grève de la faim de 110 jours, a indiqué Me Jishi, qui assure également sa défense.

Âgé de 52 ans, M. Khawaja a pris cette décision à la veille d'une nouvelle audience dans son procès en appel, même si «sa grève de la faim n'a pas permis d'atteindre son objectif final, à savoir sa libération», reconnaît-il dans un communiqué posté par son avocat sur sa page Twitter.

L'opposant bahreïni, qui a aussi la nationalité danoise, souligne que son choix est lié aux «succès de ses partisans à faire la lumière sur la question des détenus dans les prisons de Bahreïn».

Mardi, se déplaçant en chaise roulante, il était apparu affaibli et amaigri devant le tribunal, où il comparaissait pour la première fois depuis le début de sa grève de la faim.

«Il n'y a aucune justification légale pour mon maintien en prison», avait-il dénoncé devant la cour d'appel de Manama où il était jugé en même temps que 12 codétenus.

En juin 2011, un tribunal d'exception avait condamné M. Khawaja et vingt autres opposants, dont sept jugés par contumace, pour complot contre le régime. Sept ont été condamnés à la perpétuité et les autres à des peines allant de deux à 15 ans de prison.

Le 30 avril, la Cour de cassation a ordonné un nouveau procès en appel.

Les capitales européennes et les défenseurs des droits de l'Homme avaient multiplié le mois dernier les appels à libérer M. Khawaja. Ceux-ci sont restés sans réponse, même si les autorités se disent ouvertes au dialogue, mais à condition que les violences cessent.

Le premier procès s'était déroulé après un mois de protestation de la majorité chiite qui réclame une véritable monarchie constitutionnelle. La répression de la contestation a fait quelque 60 morts, selon Amnesty International.