Les autorités suisses ont ouvert des enquêtes pour des soupçons de blanchiment d'argent contre le régime syrien et la Libye, a indiqué dimanche le procureur fédéral helvétique, confirmant des informations parues dans la presse dominicale.

«Le Ministère public de la Confédération (MPC, procureur fédéral) a reçu des annonces du Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent (MROS) concernant la Libye et la Syrie» et a lancé des procédures pour «blanchiment d'argent», a précisé le MPC dans un courriel envoyé à l'AFP.

L'enquête vise des «ressortissants syriens et libyens», a souligné le MPC, qui a refusé de divulguer de plus amples détails en raison du secret de l'instruction.

Selon la NZZ am Sonntag, l'enquête concerne des avoirs du régime syrien de Bachar al-Assad, qui ont été placés auprès de banques dans l'ouest de la Suisse. Le journal dit cependant ignorer quels proches de Bachar al-Assad sont visés par la plainte et de quels montants il s'agit.

Concernant la Libye, l'enquête des autorités suisses, qui a été étendue à des soupçons de participation à une organisation criminelle, vise des proches du clan de l'ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a poursuivi la NZZ am Sonntag.

Dans son rapport annuel, le MROS a fait état d'une augmentation de 40% du nombre de ses communications de soupçons de blanchiment d'argent en 2011, pour un montant record de 3,3 milliards de francs suisses (2,7 milliards d'euros).

Cette hausse est liée notamment aux effets du printemps arabe. Sur les 1625 cas signalés, 135 étaient liés à la Libye, la Syrie, la Tunisie ou l'Égypte, alors qu'en 2010 aucune communication n'avait été enregistrée en rapport avec les pays du Maghreb et du Moyen-Orient.

La Suisse a durci en avril ses mesures contre le régime syrien et imposé des sanctions à l'encontre d'Anisa et Asma Al-Assad, la mère et l'épouse du président Bachar Al-Assad, et contre plusieurs membres du gouvernement.

La «liste noire» helvétique comporte désormais les noms de 127 personnes physiques et 40 entreprises et entités. Les personnes inscrites sur cette liste ne peuvent plus disposer de leurs avoirs en Suisse et sont interdites d'entrée sur le territoire helvétique.

Berne a également bloqué quelque 50 millions de francs suisses appartenant au régime syrien, a précisé la NZZ am Sonntag.