Plusieurs organisations internationales ont appelé samedi à un «processus politique» pour mettre fin au conflit en Libye, alors que le dirigeant Mouammar Kadhafi a assuré sa détermination à rester aux commandes du pays, traitant par le mépris les frappes de l'Otan.

Dans la nuit de samedi à dimanche, vers minuit (17 h, heure de Montréal), une forte explosion a été entendue depuis le centre de Tripoli.

Les autorités ont emmené des journalistes, dont l'AFP, dans le quartier résidentiel d'Arada où des habitants ont présenté les corps de deux victimes, selon eux, d'un bombardement de l'Otan. Les journalistes ont également vu quatre maisons endommagées.

Une réunion de hauts responsables de l'ONU, de l'Union européenne, de la Ligue arabe, de l'Organisation de la conférence islamique et de l'Union africaine a insisté samedi au Caire sur la nécessité d'une solution politique.

Un communiqué publié à l'issue de la rencontre a ainsi affirmé l'importance «d'accélérer le lancement d'un processus politique qui réponde aux aspirations légitimes du peuple libyen».

La réunion a également «souligné l'importance du rôle de l'ONU» et «l'importance d'appliquer entièrement les résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité».

La résolution 1973 autorise «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les civils de la répression de Mouammar Kadhafi et prévoit une zone d'exclusion aérienne pour empêcher l'aviation du dirigeant libyen de pilonner ses opposants.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui participait à la réunion au côté du secrétaire général de la Ligue Amr Moussa et du président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping, a déclaré qu'il fallait «offrir un soutien qui permette au peuple de Libye de choisir son avenir comme il l'entend».

Vendredi soir, dans un message audio diffusé par la télévision d'Etat, Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans, avait affirmé que l'Otan, à la tête d'une coalition qui bombarde par les airs son pays depuis le 19 mars, serait «forcément vaincue».

Dans le même temps, son Premier ministre, Baghdadi Mahmoudi, a confirmé pour la première fois que des contacts entre le régime et les rebelles avaient eu lieu en Egypte, France, Norvège et Tunisie.

Mais le dirigeant rebelle Mahmoud Jibril a démenti ces informations.

M. Mahmoudi a par ailleurs accusé l'Otan de commettre des «crimes de guerre et des crimes contre l'humanité» et appelé à «une réunion urgente» de l'ONU pour examiner ces crimes.

L'Otan a jugé samedi ces déclarations «scandaleuses»: «C'est Kadhafi et son régime qui ont systématiquement et brutalement attaqué le peuple libyen», a affirmé une porte-parole.

Pour autant, samedi soir, l'Otan a reconnu qu'un de ses avions avait accidentellement frappé une colonne des forces rebelles dans la région de Brega (est) le 16 juin, en disant regretter «toute perte en vies humaines ou toute blessure due à cet incident».

L'Est du pays est tenu par la rébellion qui a établi à Benghazi sa «capitale», tandis que la majeure partie de l'ouest où, est située la capitale Tripoli, reste entre les mains de Mouammar Kadhafi.

Ce dernier a été lâché par nombre de ses alliés et est confronté à des défections en série dans son entourage.

Samedi, il a enregistré un nouveau revers avec l'annonce par l'Autriche de sa reconnaissance du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique des rebelles, comme son seul interlocuteur en Libye.

Alors que des voix commencent à s'élever pour s'impatienter face à la longueur des opérations et le risque d'enlisement, l'Otan a rappelé ses trois objectifs: l'arrêt des attaques contre les civils, le retour dans leurs casernes des pro-Kadhafi et l'accès total des organisations humanitaires.

«La mission continuera et nous augmenterons la pression jusqu'à ce que ces objectifs soient atteints», a dit une porte-parole de l'Alliance.

Le ministre italien de la Défense Ignazio La Russa a cependant indiqué vouloir commencer «à réfléchir à une date» pour mettre fin à la partie active de sa mission en Libye, au-delà des trois mois pour lesquels l'Otan vient de s'engager.

Une telle attitude pourrait «inciter nos alliés britanniques, français et américains à trouver une porte de sortie diplomatique à la crise», a-t-il dit.

Aux Etats-Unis, la controverse sur la question des opérations militaires en Libye décidée sans l'approbation du Congrès a d'ailleurs connu un nouveau rebondissement samedi: le New York Times a révélé que le président Barack Obama avait ignoré, en prenant cette décision, l'avis de deux avocats de son administration, dont celui du principal avocat du Pentagone.

Depuis mi-février, le conflit en Libye a fait entre «10 000 et 15 000» morts et obligé près de 952.000 personnes à prendre la fuite, selon des organisations internationales.