Le gouvernement algérien a affirmé, mercredi, que l'opposition serait tenue responsable si la manifestation pro-démocratie prévue la semaine prochaine tourne à la violence.

Des dirigeants de l'opposition, des groupes de défense des droits de la personne, des syndicats, des étudiants et des chômeurs prévoient manifester le 12 février dans la capitale, Alger. Ils veulent que le gouvernement lève l'état d'urgence en vigueur depuis 1992, mette fin à l'interdiction de créer de nouveaux partis politiques et soit plus transparent dans son ensemble.

Mais le vice-premier ministre Noureddine Yazid Zerhouni a rappelé mercredi aux organisateurs que la marche était «officiellement interdite».

«Ceux qui appellent à cette marche devront prendre la responsabilité des dommages ou des dérapages», a dit M. Zerhouni aux journalistes, ajoutant que le gouvernement n'avait aucune intention de lever l'état d'urgence.

Comme plusieurs autres pays du monde arabe, l'Algérie, un pays de 35 millions d'habitants, est sur la corde raide alors qu'une vague de soulèvements populaires traverse la région.

Des émeutes ont éclaté le mois dernier dans le pays après une hausse subite des prix de la nourriture, faisant deux morts. Au moins dix Algériens se sont par ailleurs immolés par le feu au cours des dernières semaines et deux en sont morts.

Le 22 janvier, la police anti-émeute a affronté des manifestants armés de pierres qui tentaient de défier l'interdiction de manifester et de tenir des rassemblements publics en vigueur dans le pays. Les manifestants ont réclamé le départ du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999.

M. Bouteflika est largement crédité pour avoir étouffé l'insurrection meurtrière qui a opposé des militants islamistes aux forces de sécurité dans les années 1990, un conflit qui a fait jusqu'à 200 000 morts.

Mais le mécontentement couve en Algérie: le manque de logement et la pauvreté sont répandus, bien que le pays soit un important exportateur d'hydrocarbures. Des militants affirment que les autorités du pays détournent les profits générés par les exportations à des fins personnelles plutôt que de les investir dans l'économie et la création d'emplois.

L'état d'urgence a été imposé en réaction à l'insurrection islamiste. Mais les groupes d'opposition, qui soulignent que les violences sont maintenant sporadiques, estiment que les autorités se servent de cette loi comme prétexte pour interdire toutes les manifestations politiques.