(Nations unies) La situation en Haïti est « horrible » et « presque sortie d’une scène de Mad Max », film qui dépeint un futur post-apocalyptique, a affirmé dimanche la directrice exécutive de l’UNICEF, au moment où ce pays pauvre des Caraïbes est confronté à la violence des gangs.

« Beaucoup, beaucoup, de personnes souffrent gravement de la faim et de la malnutrition, et nous ne parvenons pas à leur apporter suffisamment d’aide », a déclaré Catherine Russell dans une interview à la chaîne américaine CBS.

Haïti et notamment sa capitale Port-au-Prince sont le théâtre d’une flambée de violences des gangs ces dernières semaines, alors que les Haïtiens attendent l’instauration d’un conseil présidentiel de transition après l’annonce de la démission du premier ministre contesté Ariel Henry, qui expédie désormais les affaires courantes.

Dimanche, le couvre-feu a été prolongé jusqu’à mercredi dans le département de l’Ouest, qui comprend Port-au-Prince. L’état d’urgence doit prendre fin le 3 avril.

Le Kenya, qui doit déployer un millier de policiers dans le cadre d’une mission multinationale de sécurité, a annoncé suspendre l’envoi de ses hommes, mais a assuré qu’il interviendrait une fois un conseil présidentiel installé.

Les gangs contrôlent des pans entiers du pays, notamment 80 % de la capitale, et sont accusés de nombreuses exactions, en particulier meurtres, viols, et enlèvements contre rançon.

« D’une façon ou d’une autre, nous devons prendre davantage le contrôle de la situation, de manière à faire entrer l’aide » en Haïti, a plaidé Catherine Russell samedi, citant la litanie de catastrophes qui ont touché le pays depuis près de 15 ans : « tremblements de terre, choléra, COVID-19… ».

La situation actuelle « est la pire que quiconque ait vue depuis des décennies », a-t-elle ajouté.

Alors que l’aéroport de Port-au-Prince reste fermé, la mission de l’ONU en Haïti a annoncé mercredi la mise en place le plus tôt possible d’un « pont aérien » entre Haïti et la République dominicaine voisine par hélicoptère, notamment pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.

Le port principal de la capitale est également à l’arrêt depuis le 7 mars, face à des actes « de sabotage et de vandalisme » selon son opérateur, compliquant l’acheminement d’aide internationale.

Un conteneur de l’UNICEF, « comprenant des fournitures cruciales de santé maternelle, néonatale et infantile », a été pillé samedi dans ce port, a annoncé l’agence de l’ONU dans un communiqué.

« Cet incident intervient à un moment critique, quand les enfants en ont le plus besoin », a ajouté l’UNICEF.