(Port-au-Prince) Les affrontements entre gangs se poursuivaient vendredi dans un immense quartier de la capitale haïtienne Port-au-Prince, faisant des victimes civiles et entraînant selon Médecins sans Frontières la fermeture d’un hôpital.

La mort en début de semaine d’un dirigeant de la coalition de gangs G9 a déclenché un nouveau cycle de violence à la Cité Soleil, le plus grand bidonville du pays.  

Depuis lundi, MSF a soigné une cinquantaine de personnes blessées dans ce quartier où habitent « plusieurs centaines de milliers » de personnes mais où « la violence a drastiquement réduit la disponibilité de soins médicaux », selon un communiqué de l’ONG.

PHOTO RICHARD PIERRIN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Exson tient sa fille de 6 ans, Francesca, blessée lors d’affrontements entre gangs, le 15 novembre sur une place publique de Clercine, dans la banlieue de Port-au-Prince.

Selon Enock Joseph, un pasteur de la zone interrogé par l’AFP, les violences ont tué des civils et des membres de gangs.

« Des malfrats ont été tués dans des affrontements avec la police » jeudi, et, « très remontés » par ces pertes face aux forces de l’ordre, les « bandits armés s’en sont pris aux membres de la population civile dans la soirée de jeudi », a-t-il déclaré.

« Ils ont incendié plusieurs maisons et ont exécuté des riverains, notamment une jeune fille de 16 ans qu’ils accusent d’être une informatrice de gangs rivaux », a ajouté le pasteur.

Le service d’urgences tenu par MSF au sein de la Cité Soleil est « le seul établissement de santé en fonctionnement dans la zone après la fermeture récente de l’hôpital Fontaine pour une période indéfinie », relève l’ONG vendredi.  

L’hôpital Fontaine a été entièrement évacué mercredi après que de violents affrontements entre gangs ont éclaté à ses portes, selon son directeur.

PHOTO ODELYN JOSEPH, ASSOCIATED PRESS

L’hôpital Fontaine à Port-au-Prince

Le petit État caribéen est en proie à la violence des gangs qui contrôlent 80 % de la capitale, le nombre de crimes graves ayant atteint des records, selon l’ONU.

Face à cette crise sécuritaire et humanitaire qui n’en finit plus, le Conseil de sécurité de l’ONU a donné début octobre son accord pour l’envoi en Haïti d’une mission multinationale menée par le Kenya afin d’aider la police haïtienne.

Le parlement kényan a approuvé jeudi ce déploiement, qui reste néanmoins suspendu à une décision de justice à Nairobi.