(San Juan) Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) a ordonné vendredi à son secrétaire général d’envisager des avenues pour aider à combattre les gangs armés d’Haïti, y compris une éventuelle force de maintien de la paix de l’ONU et une force multinationale.

Une résolution adoptée à l’unanimité par le conseil demande au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de faire rapport sur ces options dans les 30 jours.

Le conseil autorise également jusqu’à 70 conseillers de la police et des services correctionnels de l’ONU à intensifier le soutien et la formation des forces de police nationales en sous-effectif et sous-financées d’Haïti. Et il « encourage » les pays, en particulier dans la région des Caraïbes, à répondre aux appels du premier ministre haïtien et de M. Guterres pour le déploiement d’une force internationale spécialisée.

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Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres

Le premier ministre haïtien Ariel Henry avait lancé un appel urgent en octobre dernier pour « le déploiement immédiat d’une force armée spécialisée, en quantité suffisante » pour arrêter les gangs, mais plus de huit mois plus tard, aucun pays n’a pris la tête d’une telle force.

M. Guterres, qui s’est rendu en Haïti au début du mois, a appelé la semaine dernière à une force internationale robuste pour aider la Police nationale haïtienne à « vaincre et démanteler les gangs ».

Entre janvier et juin, les homicides ont augmenté de 67,5 % par rapport au second semestre 2022 (2094 homicides enregistrés contre 1250), selon le document qui évoque certaines victimes décapitées.

Il a déclaré que l’estimation de l’expert indépendant de l’ONU pour Haïti, William O’Neill, selon laquelle jusqu’à 2000 policiers antigang supplémentaires sont nécessaires n’est pas exagérée. M. O’Neill, qui a conclu un voyage de 10 jours en Haïti ce mois-ci, est un avocat américain qui travaille sur Haïti depuis plus de 30 ans et a aidé à établir la Police nationale haïtienne en 1995.

Les gangs ont gagné en puissance depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021 et on estime désormais qu’ils contrôlent jusqu’à 80 % de la capitale de Port-au-Prince. La recrudescence des meurtres, des viols et des enlèvements a conduit à un violent soulèvement de groupes d’autodéfense civils.

La crise politique du pays est aggravée par la guerre des gangs : Haïti a été dépouillée de toutes ses institutions élues démocratiquement lorsque les mandats des 10 sénateurs restants du pays ont expiré début janvier.

La résolution du conseil de sécurité, coparrainée par les États-Unis et l’Équateur, « exhorte vivement » tous les pays à interdire la fourniture, la vente ou le transfert d’armes à quiconque soutient la violence des gangs et les activités criminelles. Il réitère la nécessité pour tous les Haïtiens, avec le soutien de la mission politique de l’ONU, d’établir « un processus politique dirigé par des Haïtiens et appartenant à des Haïtiens pour permettre l’organisation d’élections législatives et présidentielles libres, équitables et crédibles ».