(Guatemala) Le gouvernement du Guatemala a déclaré illégale la consultation d’habitants qui ont rejeté dimanche à une forte majorité un projet d’extraction de minerais d’or et d’argent à ciel ouvert d’un groupe canadien, près de la frontière avec le Salvador, accusé par les écologistes des deux pays de menacer l’environnement.

Le ministère guatémaltèque des Mines a assuré que la consultation « n’a pas de fondement légal », dans un communiqué publié tard lundi soir.

Selon les résultats du scrutin, 87,98 % des 8503 votants se sont prononcés contre l’exploitation minière.

Les affaires minières sont de « la compétence exclusive du gouvernement central », a asséné le ministère en faisant valoir que le vote avait été organisé en dépit d’une décision judiciaire qui s’opposait au « règlement » de la consultation.

Plus de 28 000 Guatémaltèques de la municipalité d’Asuncion Mita, à la frontière avec le Salvador, avaient été appelés dimanche à se prononcer sur le projet d’extraction d’or et d’argent à ciel ouvert de Cerro Blanco, dont les permis d’exploitation sont détenus par le groupe canadien Bluestone Resources.

Le résultat du vote s’impose aux autorités municipales, qui l’ont approuvé, mais n’a qu’une valeur « consultative » pour le gouvernement du pays, a reconnu le Comité d’organisation de la consultation.

Bluestone Resources a racheté le complexe de Cerro Blanco à la société minière canadienne Goldcorp en 2017 pour 18 millions de dollars, plus des actions valorisées à environ 9,9 % du capital de Bluestone.

Bob Gill, le gérant de Elevar Resources,  la filiale guatémaltèque du groupe canadien, a qualifié le vote de « clairement illégal ». « Nous regrettons que les actions de ces groupes (opposés à la mine) utilisent des référendums biaisés pour créer des doutes et de l’incertitude à propos de projets miniers responsables comme celui de Cerro Blanco », a-t-il ajouté.

Les membres de l’Église catholique locale et des organisations environnementales s’opposent fermement au projet Cerro Blanco au motif qu’il risque de polluer l’eau et les forêts de la région.

Des localités au Guatemala et au Salvador ont fait part de leur inquiétude quant à une éventuelle contamination des eaux partagées par les deux pays via la lagune Güija et la rivière Lempa, la principale source d’eau qui alimente San Salvador, la capitale salvadorienne.

La rivière Lempa, qui prend sa source au Guatemala, dessert des milliers de paysans guatémaltèques et salvadoriens. De plus, des dizaines de pêcheurs du lagon craignent une pénurie ou une disparition de poissons.

La principale source d’inquiétude porte sur l’exploitation minière à ciel ouvert qui nécessite du cyanure pour séparer les métaux précieux.

Le responsable environnemental de la mine, Fredy Garcia, a rejeté ces craintes, assurant à l’AFP que l’entreprise dispose d’usines de traitement pour éliminer les déchets toxiques avant les rejets dans la rivière Ostua, un affluent de la lagune Güija et de la rivière Lempa.