(Quito) Le Parlement équatorien a voté jeudi une loi réglementant l’avortement en cas de viol, fixant notamment à 18 semaines de grossesse le délai pour les mineures.  

Après la dépénalisation de l’avortement dans tous les cas de viol par la Cour constitutionnelle en 2021, les députés équatoriens examinaient un projet de loi destiné à réglementer l’IVG dans ces circonstances.  

Selon le texte, qui a obtenu la majorité absolue (75 votes sur 137), les mineures pourront avorter jusqu’à 18 semaines de grossesse et les majeures jusqu’à 12 semaines si elles ont été victimes d’un viol.  

Les femmes vivant dans des zones reculées ou des communautés amérindiennes pourront bénéficier d’un délai de 18 semaines, ce qui doit leur permettre d’avoir plus de temps pour obtenir une assistance médicale.  

Des militantes pro-choix s’étaient réunies devant le Parlement pour réclamer qu’il n’y ait aucun délai.  

« Nous sommes ici pour représenter toutes les victimes de viol qui seront forcées à la clandestinité ou à la maternité en cas de viol car les délais imposés par l’Assemblée nationale sont trop restrictifs », a déclaré l’AFP Veronica Vera, 31 ans, qui avec d’autres militantes s’est déshabillée devant le Parlement pour protester.  

Des opposants à l’avortement ont également manifesté à proximité du bâtiment.  

Le texte doit désormais être soumis au président conservateur Guillermo Lasso qui a déjà prévenu qu’il y mettrait son véto.  

En cas de véto total, le Parlement pourra à nouveau examiner le texte dans un délai d’un an et devra alors l’adopter à la majorité des deux tiers (91 votes sur 137).  

En cas de véto partiel, le chef de l’État devra présenter un texte alternatif pour examen au Parlement où son parti ne détient pas la majorité.  

En avril, la Cour constitutionnelle a dépénalisé l’avortement dans tous les cas de viol. Il n’était jusque-là autorisé qu’en cas de viol contre une femme handicapée ou s’il y avait un danger pour la vie de la mère.  

Sept mineures de moins de 14 ans accouchent quotidiennement en Équateur, pays de 17 millions d’habitants, au troisième rang en Amérique latine pour les grossesses adolescentes, selon des chiffres officiels.  

En dehors de la loi, l’IVG est passible de deux années de prison.  

En Amérique latine, l’avortement est légal en Uruguay, à Cuba, en Argentine, dans la ville de Mexico et trois États mexicains.  

Il est totalement interdit au Salvador, au Honduras, au Nicaragua, en République dominicaine et en Haïti.

Dans les autres pays d’Amérique latine, il n’est autorisé que dans les cas où la vie de la femme est en danger, en cas de viol ou si le fœtus n’est pas viable.