(Genève) L’ONU a dénoncé mardi l’existence d’un « racisme structurel » au Brésil, et demandé une enquête indépendante après la mort d’un homme noir roué de coups jeudi par des vigiles blancs d’un supermarché Carrefour à Porto Alegre.

Ce meurtre a été « un cas extrême mais qui reflète malheureusement la violence récurrente envers la population noire au Brésil », a déclaré une porte-parole du Bureau des droits de l’homme des Nations-Unies à Genève, Ravina Shamdasani.

« C’est une illustration de la discrimation et du racisme structurels auxquels doivent faire face les personnes d’origine africaine » dans ce pays, a-t-elle ajouté, lors d’un point de presse virtuel, rappelant que ces discriminations et ces violences étaient « étayées par des données officielles ».

« Le nombre d’afro-brésiliens victimes d’homicide est disproportionné si on le compare à tout autre groupe », a souligné la porte-parole. En outre, « les afro-brésiliens sont exclus et pratiquement invisibles dans les institutions et les structures de prise de décision ».

L’enquête ouverte au Brésil sur ce meurtre doit être « rapide, approfondie, indépendante, impartiale et transparente », a-t-elle dit, ajoutant qu’elle devait « vérifier si la discrimination raciale y a joué un rôle ».

Les autorités brésiliennes doivent enquêter aussi « sur toute allégation concernant un usage disproportionné de la force lors des manifestations anti-racistes intervenues après la mort de (Joao Alberto) Silveira Freitas », a poursuivi la porte-parole.

Plusieurs manifestations anti-racistes ont eu lieu au Brésil devant des magasins du groupe Carrefour et le titre du groupe Carrefour au Brésil a chuté de plus de 5 % à la mi-journée lundi à la Bourse de Sao Paulo.

Joao Alberto Silveira Freitas, 40 ans, a été tabassé à mort jeudi soir par deux agents de sécurité blancs travaillant pour un sous-traitant d’un supermarché Carrefour à Porto Alegre.  

Les images d’une vidéo montrant la victime frappée à coups de poing par un vigile sur le parking pendant que l’autre le tenait ont choqué le Brésil, qui a célébré vendredi le jour de la Conscience noire.

Samedi, le président d’extrême droite Jair Bolsonaro a critiqué les mouvements anti-racistes, les accusant lors d’un discours au sommet virtuel du G20 de tenter d’importer au Brésil des « tensions qui ne font pas partie de son histoire ».