(Mexico) La justice mexicaine a réclamé l’arrestation de militaires soupçonnés d’être impliqués dans la disparition de 43 étudiants il y a tout juste six ans, une affaire qui avait bouleversé le pays et entrainé une grave crise politique.

« Des mandats d’arrêt ont été émis pour l’arrestation de militaires. Zéro impunité, celui dont la participation a été prouvée sera jugé », a lancé le président mexicain Andrés Manuel López Obrador lors de la présentation d’un rapport sur l’avancement de l’enquête, en présence des parents des disparus qui, depuis des années, désignent des militaires parmi les personnes susceptibles d’être responsables.

Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, plusieurs dizaines d’étudiants de l’école de formation des maîtres d’Ayotzinapa s’étaient rendus jusqu’à la ville proche d’Iguala (État de Guerrero) pour réquisitionner des autobus afin d’aller à Mexico, où ils souhaitaient participer à une manifestation.  

Arrêtés par la police, 43 jeunes ont ensuite disparu et n’ont jamais été retrouvés. Ils ont été abattus par des hommes armés. Les autorités avaient jusqu’ici accusé un cartel de narcotrafiquants qui auraient pris les étudiants pour des membres d’un gang concurrent.

Cette version officielle, présentée en janvier 2015 par le gouvernement du président de l’époque, le conservateur Enrique Pena Nieto (2012-2018), avait été rejetée par les proches des étudiants et des experts indépendants de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH).

L’actuel président de gauche a créé une Commission de Vérité et ordonné l’ouverture d’une nouvelle enquête qui devait « repartir de zéro ».

Alejandro Encinas, président de cette commission, a expliqué samedi que le ministère de la Défense a fourni des informations sur les bataillons militaires stationnés dans cette zone à l’époque des faits.

« Quand vont-ils arrêter les militaires ? », a demandé un porte-parole et père d’une des victimes, Martinez Zeferino. « Nous espérions autre chose aujourd’hui. Comprenez que cela fait six ans et nous n’avons rien », s’est-il lamenté.