Les États-Unis ont conservé un canal diplomatique avec le pouvoir du dirigeant socialiste Nicolas Maduro au Venezuela, alors même qu'ils le considèrent illégitime et ont reconnu l'autorité de l'opposant Juan Guaido comme « président par intérim », a déclaré mercredi l'émissaire américain Elliott Abrams.

« Nous avons des contacts avec le régime de facto, j'entends par là le régime Maduro, nous avons des contacts avec lui, car nous sommes préoccupés par des questions comme la sécurité des Américains », a dit à des journalistes à Washington le nouveau représentant spécial de la diplomatie américaine pour le Venezuela.

« Nous avons depuis longtemps dans plusieurs pays des contacts avec des gens qui ne bénéficient pas de notre reconnaissance diplomatique », « ce n'est pas un problème quand c'est dans l'intérêt des États-Unis », a-t-il assuré.

Le président de l'Assemblée nationale Juan Guaido s'est autoproclamé il y a une semaine président par intérim et a aussitôt été reconnu par Donald Trump.

En riposte, le président Maduro a rompu les relations avec Washington, ordonnant le départ de tous les diplomates américains.

Mais le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a refusé d'obtempérer, soulignant que les États-Unis ne reconnaissaient plus l'autorité de Nicolas Maduro, et promettant que l'ambassade américaine à Caracas resterait ouverte. Le personnel américain non essentiel a toutefois été rappelé aux États-Unis.

Nicolas Maduro a finalement annoncé discuter avec l'administration américaine pour ouvrir des « sections d'intérêts » dans chaque pays afin de maintenir un minimum de relations malgré la rupture.

Où sont les avoirs vénézuéliens ?

« Nous devons encore définir ce que va être le statut de l'ambassade à terme », « elle n'est plus accréditée par le régime Maduro car nous ne le reconnaissons pas », a admis Elliott Abrams.

Il a souligné l'inquiétude de l'administration Trump pour les « milliers d'Américains au Venezuela » et pour l'ambassade elle-même. « Nous avons dit clairement qu'il s'agissait de notre première préoccupation, notamment au régime Maduro qui a l'obligation de protéger les ambassades », a-t-il insisté.

Alors que Washington a donné à Juan Guaido le contrôle des comptes bancaires de son pays aux États-Unis, l'émissaire américain a aussi reconnu qu'il ne s'agissait pas de sommes importantes. « Il n'y a pas énormément d'avoirs sur le compte de l'ambassade à Washington, en tout cas pas assez pour un programme humanitaire très significatif », a-t-il dit.

« Donc, nous cherchons à travers le monde pour voir quels autres avoirs on trouve, qu'il s'agisse de comptes bancaires ou d'autre chose, comme de l'or », a-t-il ajouté.

S'exprimant pour la première fois devant la presse depuis sa nomination vendredi, ce diplomate controversé, membre des équipes néo-conservatrices sous les présidences de Donald Reagan et George W. Bush, s'est globalement montré très confiant sur l'issue de cette crise.

« La détermination dont font preuve les Vénézuéliens lors des manifestations [...] laisse penser que l'issue sera un retour à la démocratie. La question est : "combien de temps faudra-t-il » et « trouverons-nous une voie pacifique, sans violence ? " », a-t-il dit.

Selon Elliott Abrams, il y a des divisions au sein des forces de sécurité, que l'opposition appelle à lâcher Nicolas Maduro. « Je pense que les gens au sommet du régime sont assez nerveux au sujet de l'état d'esprit de la grande majorité des militaires », a-t-il affirmé.

Promettant davantage d'aide humanitaire pour les Vénézuéliens, il a reconnu que son acheminement était très compliqué. Sans exclure des « couloirs humanitaires », il a estimé que sa mise en place serait difficile sans la coopération du régime Maduro.