Le blocage à Cuba du premier média indépendant depuis un demi-siècle, le site 14ymedio de la célèbre blogueuse Yoani Sanchez, a attiré les critiques des États-Unis et l'indifférence de la population cubaine.

Le site www.14ymedio.com a fait l'objet d'un détournement pour les internautes cubains vers un autre site dénonçant la blogueuse dissidente, yoanislandia.com, mercredi, quelques heures après son lancement.

«Beaucoup de travail à 14ymedio, le défi est d'actualiser le site plusieurs fois par jour», twittait néanmoins jeudi la philologue de 38 ans qui a atteint la notoriété mondiale grâce à son blogue Generacion Y, tout en restant une quasi inconnue dans son propre pays, faute de facilités d'accès à internet pour la population.

«Mauvaise stratégie du gouvernement cubain de bloquer notre site, rien n'est plus attrayant que l'interdit», avait réagi mercredi la blogueuse sur Twitter.

Washington s'est montré le plus critique face à ce blocage à Cuba du nouveau média.

«Le gouvernement cubain continue de limiter les libertés fondamentales, les Cubains méritent le droit de s'exprimer librement et de poser des questions à leur gouvernement», a affirmé un porte-parole du département d'État.

Les autorités et les médias cubains, tous sous contrôle de l'État, ont gardé un silence total sur le lancement du site de la dissidente cubaine.

À Miami, bastion de l'anti-castrisme, la Société interaméricaine de presse (SIP) a estimé que «cette censure démontre que le gouvernement cubain continue de penser que la liberté d'expression est une concession que font les autorités, non un droit naturel de l'être humain».

«Même si ce n'est pas une surprise, le monde espérait plus de tolérance du gouvernement de Raul Castro, compte tenu de ses efforts pour présenter une image plus positive», a ajouté un communiqué de la SIP.

L'affaire est passée pratiquement inaperçue pour les Cubains, qui n'ont qu'un accès très limité à internet.

«Je ne savais rien du tout, personne n'en a parlé», a expliqué à l'AFP Elsa, 43 ans, une employée du monopole d'État des télécommunications, Etecsa.

«Personne n'a rien dit, je crois que personne ne s'en est aperçu», assurait jeudi matin Maria, une employée de banque de 58 ans.