La compagnie minière canadienne Greystar a renoncé à son projet initial d'exploitation controversée du riche gisement d'or d'Angostura, dans le nord-est de la Colombie, mais elle a annoncé vendredi qu'elle travaillait à un «projet alternatif».

Le gisement situé à 3600 m d'altitude et à 400 km au nord-est de Bogota contiendrait des réserves prouvées d'environ 313 tonnes d'or, selon Greystar qui a déjà investi 150 millions de dollars en explorations depuis 2002.

Sa production prévue d'environ 16 tonnes par an, soit 25% de l'or extrait en Colombie, aurait hissé le pays andin au 2e ou 3e rang des producteurs aurifères latino-américains, aux côtés du Pérou (170 tonnes en 2010), du Mexique (90) ou du Brésil (65).

Mais le projet de mine à ciel ouvert de Greystar était contesté sur le plan environnemental parce qu'il pouvait porter atteinte aux réserves souterraines d'eau qui alimentent la région.

Par ailleurs, une loi adoptée en 2010 interdit les activités minières à cette altitude en Colombie.

«Le projet n'avait aucune chance d'être approuvé», a déclaré vendredi le ministre colombien des Mines, Carlos Rodado, à la radio.

Aussi, la compagnie canadienne a renoncé à présenter les deux demandes d'autorisation, l'une environnementale, l'autre technique, nécessaires au début des travaux d'aménagement puis de l'exploitation, selon le gouvernement.

«Je crois qu'ils ont pris une décision de très bon sens», s'est réjoui le ministre.

Les organisations écologistes et des dirigeants politiques qui s'opposaient au projet ont également salué la décision.

M. Rodado a précisé qu'il avait rencontré au Canada des dirigeants et des actionnaires de Greystar pour leur expliquer que le projet n'était pas viable.

«Nous voulons qu'une compagnie minière responsable vienne. Cette mine qu'on (Greystar) voulait faire ici était à ciel ouvert dans la partie haute d'une montagne», où se trouve «un écosystème très sensible», a déclaré le ministre.

«C'est très difficile qu'un projet de grande ampleur soit réalisé de cette façon. En revanche, on peut le faire depuis la partie basse, une mine souterraine avec de meilleures caractéristiques, et sans causer de dégâts aux écosystèmes», a ajouté M. Rodado, sans fermer la porte à une exploitation du gisement.

Greystar a annoncé dans la foulée qu'elle comptait développer «un projet alternatif».

«Nous sommes engagés dans le développement du projet, mais nous reconnaissons qu'il est nécessaire de le reconfigurer, donc nous continuerons à réaliser les études de faisabilité d'un projet alternatif», a déclaré l'entreprise canadienne dans un communiqué disponible sur son site internet.

Le développement du secteur minier et énergétique est une priorité du gouvernement du président colombien Juan Manuel Santos.

La compagnie Greystar promettait la création de près de 1500 emplois directs pendant la phase de construction du site, 860 pour celle de l'exploitation.

Santurban, ville de 30.000 habitants située en contrebas de la mine d'Angostura, vit depuis près de cinq siècles de ses mines d'or et d'argent, exploitées jusque-là de manière artisanale.