L'épidémie de choléra qui a fait plus de 2000 morts en Haïti depuis la mi-octobre a vraisemblablement été importée par une source humaine extérieure à la région, a confirmé une équipe de scientifiques américains et haïtiens dans une étude publiée jeudi.

Leurs travaux publiés dans le New England Journal of Medicine, appuient la thèse formulée récemment par un épidémiologiste français, sans toutefois pointer du doigt comme lui directement les Casques bleus népalais de la Mission de l'ONU en Haïti (Minustah).

Si les chercheurs ne font pas le même constat d'une contamination par les soldats de l'ONU, ils relèvent toutefois que la souche de la bactérie provient sans doute d'Asie du sud et non d'Amérique latine et affirment qu'elle ressemble à une souche identifiée au Bangladesh au cours de la dernière décennie.

«Nos données suggèrent fortement que l'épidémie haïtienne a commencé avec l'introduction en Haïti d'une souche de choléra via une souche humaine distante géographiquement», écrit Matthew Waldor, professeur à Harvard.

Les chercheurs indiquent toutefois que des analyses complémentaires sont nécessaires pour identifier la source précise de la maladie, prenant acte des violences meurtrières déclenchées par les rumeurs impliquant le contingent népalais d'environ 1000 hommes, placé depuis sous protection.

«Puisque l'épidémie a éclaté en Haïti à proximité en temps et en lieu de l'arrivée des forces de maintien de la paix de l'ONU depuis l'Asie du sud, des spéculations ont surgi sur le fait qu'elle ait pu être introduite par ces soldats», notent les auteurs de l'étude.

«Cette possibilité a déclenché des émeutes meurtrières (...) mais les chercheurs signalent que déterminer la source exacte de la souche de choléra en Haïti va exiger une enquête épidémiologique plus poussée», ajoutent-ils.

L'épidémiologiste français Renaud Piarroux a affirmé dans un rapport à l'issue d'une mission en Haïti que le foyer infectieux de l'épidémie était parti du camp des Casques bleus népalais dans le centre du pays.

L'armée népalaise a vivement condamné ce rapport, affirmant qu'il n'existait aucune preuve de son implication dans la propagation de la maladie.

L'ONU a également jugé qu'il n'existait aucune «preuve concluante».

Selon le dernier bilan disponible, le choléra a touché 93 222 personnes en Haïti et fait 2 120 morts dans le pays déjà dévasté par le tremblement de terre du 12 janvier (plus de 250 000 morts, 1,3 million de sinistrés).

Les dix départements du pays et la capitale Port-au-Prince ont fait état de cas confirmés de choléra et la maladie très contagieuse continue de se répandre rapidement.

Selon l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), branche de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il pourrait y avoir jusqu'à 400 000 cas de choléra au cours des douze prochains mois, dont la moitié au cours des seuls trois prochains mois.

L'étude publiée dans le New England Journal of Medicine a été menée par des chercheurs de Harvard, du  Brigham and Women's Hospital, du Massachusetts General Hospital et de la Fondation pour le Développement des Universités et de la Recherche en Haïti à Port-au-Prince.