Le sang éclabousse déjà les élections locales de dimanche prochain au Mexique, avec le nouvel assassinat lundi d'un candidat à l'un des 12 postes de gouverneurs remis en jeu en même temps que les sièges au sein des conseils municipaux et des parlements de 14 des 31 États du pays.

Rodolfo Torre, candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre-gauche) et favori de l'élection au poste de gouverneur de l'État de Tamaulipas (nord-est), à la frontière avec l'État américain du Texas, a été abattu par des inconnus avec trois de ses collaborateurs.

Il est tombé dans une embuscade près de l'aéroport de Ciudad Victoria, la capitale du Tamaulipas.

Dans ce même État, le 13 mai, un candidat du Parti d'action nationale (PAN) à une mairie avait déjà été assassiné par balles en compagnie de son fils et de son chauffeur.

Le PAN conservateur du président Felipe Calderon avait alors dénoncé des menaces des cartels de la drogue.

Deux maires au moins ont par ailleurs été assassinés depuis février dans l'État de Chihuahua, lui aussi à la frontière avec les États-Unis.

Dans le Sinaloa (nord-ouest), fief du cartel du même nom dirigé par Joaquin «Chapo» Guzman, en cavale depuis son évasion d'un pénitencier mexicain en 2001, des engins incendiaires ont été lancés mi-juin contre une permanence du Parti de la révolution démocratique (PRD, opposition de gauche) et une autre du PRI.

Lundi, le président Felipe Calderon a réuni son conseil ministériel de sécurité, et dénoncé «le crime organisé». L'assassinat de M. Torre «emplit d'indignation la société entière», a déclaré le ministre de l'Intérieur, Fernando Gomez Mont.

La direction nationale du PAN, elle, a annoncé la suspension de toutes ses réunions publiques dans le Tamaulipas.

L'ombre des cartels de la drogue plane sur le scrutin du 4 juillet, comme sur toutes les élections mexicaines depuis des années.

La guerre sans merci entre trafiquants pour le contrôle de l'approvisionnement du marché américain, premier acheteur mondial de cocaïne, se concentre surtout le long de la frontière de plus de 3.000 km avec les États-Unis.

M. Calderon a érigé la lutte contre les riches cartels en priorité nationale mais la courbe de la criminalité n'a pas fléchi: 23.000 morts depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2006, en incluant les règlements de comptes entre trafiquants et leurs affrontements avec l'armée et la police.

L'influence occulte des cartels au sein des formations politiques est également largement dénoncée par des médias nationaux et de nombreux observateurs étrangers, au niveau local comme au plan national.

L'ancien maire de la station balnéaire de Cancun, première destination touristique du Mexique, a ainsi été arrêté fin mai pour ses liens présumés avec des trafiquants.

Le PRI, au pouvoir au Mexique de 1928 à décembre 2000 avant de s'incliner devant le PAN conduit alors par Vicente Fox, a remporté les législatives fédérales en 2009. Il est donné favori pour le scrutin du 4 juillet.