Le président mexicain Felipe Calderon est venu demander «pardon» jeudi à Ciudad Juarez (nord) aux parents des 15 jeunes gens massacrés dans une fête lycéenne, et a été accueilli par de vifs reproches, a constaté un correspondant de l'AFP.

M. Calderon a présenté «la plus sincère de (ses) excuses» aux parents des jeunes gens, lycéens pour la plupart, abattus le 31 janvier par un commando qui serait lié à un cartel de la drogue. Le chef du commando, de nationalité américaine, a été abattu le lendemain par l'armée, selon les aveux d'un de ses complices, arrêté sur place.

Peu après le massacre, M. Calderon avait déclaré publiquement qu'il semblait s'être agi d'un règlement de comptes «entre bandes». Les familles avaient violemment réagi, affirmant que leurs enfants n'avaient rien à voir avec la délinquance et réclamant des «excuses» au chef de l'Etat.

«En ce qui me concerne, vous n'êtes pas le bienvenu ici», a lancé au président une femme dont les deux fils, ses seuls enfants, ont péri dans le massacre.

Ciudad Juarez, 1,3 million d'habitants à la frontière des Etats-Unis, face à El Paso au Texas, est la ville la plus meurtrière du pays: deux grands cartels de la drogue s'y livrent une véritable guerre pour le contrôle du trafic et de l'exportation aux Etats-Unis, premier client mondial de la cocaïne: plus de 2 600 homicides en 2009.

Au Mexique, les affrontements entre les cartels ont fait plus de 15 000 morts depuis la prise de fonctions du président Calderon fin 2006, en dépit du déploiement de plus de 5 000 militaires à travers le pays.

A Ciudad Juarez, «le dispositif militaire et policier, à notre avis, a échoué», a déclaré au président le représentant d'une association civile locale, un médecin, Arturo Valenzuela.

«Ce qui se passe à Ciudad Juarez est un crime contre l'humanité», a renchéri le délégué d'une autre organisation.

La violence à Ciudad Juarez a fait plus de 7 000 orphelins, avec une hausse de plus de 300% du nombre d'enlèvements en 2009, l'exode de milliers de personnes et l'imposition du «racket» à la quasi-totalité des chefs d'entreprise et des petits commerçants, a affirmé M. Valenzuela.