Le leader cubain Fidel Castro a estimé mardi qu'il était «encore trop tôt» pour dire si le président américain Barack Obama irait à contre-courant de la politique suivie selon lui par la «superpuissance» américaine pour imposer ses «idées» exposées dans son récent discours au Caire.

«Il est encore tôt pour émettre des jugements sur son degré de compromis avec les idées qu'il avance et jusqu'à quel point il est décidé à défendre, par exemple, un accord de paix sur des bases justes avec des garanties pour tous les Etats du Moyen-Orient», écrit Fidel Castro dans un commentaire portant sur le discours aux musulmans tenu jeudi dernier par Barack Obama en Egypte.

«La plus grande difficulté de l'actuel président est que les principes qu'il prêche sont en contradiction avec la politique suivie par la superpuissance depuis presque sept décennies, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale en août 1945», poursuit l'ancien président cubain, 82 ans.

Bête noire de Washington pendant un demi-siècle, le leader communiste souligne la «grande capacité de communication» de Barack Obama.

Son discours «ressemblait réellement à une campagne de relations publiques de la part des Etats-Unis à l'égard des pays musulmans, ce qui, peu importent les circonstances, est toujours mieux que de les menacer avec des bombes», écrit Fidel Castro en estimant que «même le Pape Benoît XVI n'aurait pu prononcer des phrases plus oecuméniques que celles d'Obama».

Le père de la Révolution de 1959 estime que Barack Obama, aussi partisan d'une détente avec Cuba, sous embargo américain depuis 1962, s'est toutefois «contredit» en affirmant qu'«aucune nation ne peut imposer son système de gouvernement» à une autre mais en faisant ensuite une «déclaration de foi qui convertit les Etats-Unis en juge suprême des valeurs démocratiques et des droits de l'Homme».

Fidel Castro, qui a cédé le pouvoir en 2006 à son frère Raul pour des raisons de santé, a vu se succéder onze présidents américains. Il reste une figure de référence pour plusieurs dirigeants «anti-impérialistes» d'Amérique latine.