Plus de 2 millions d’Ukrainiens ont fui vers les pays voisins depuis le début de l’offensive russe, un scénario rappelant les nombreux réfugiés poussés sur les routes lors de conflits précédents. Voici quelques-unes des plus importantes crises humanitaires des dernières années.

Syrie

PHOTO BULENT KILIC, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des réfugiés syriens se dirigent vers un bateau qui les amènera en Grèce à partir d’une plage de Turquie, en 2016.

La crise humanitaire sans précédent en Syrie a forcé près de 7 millions d’habitants à quitter ce pays du Proche-Orient, où une guerre civile fait rage depuis 2011. Plus de la moitié des personnes déplacées ont trouvé refuge en Turquie, selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Des familles complètes ont aussi été accueillies au Liban et en Jordanie, indique Luna Vives, professeure adjointe au département de géographie de l’Université de Montréal. « En ce qui concerne les personnes déplacées dans le monde, 73 % de celles-ci restent dans les pays limitrophes », précise-t-elle. Mais les Syriens qui s’installent dans les pays avoisinants vivent bien souvent dans des conditions de pauvreté extrême et peinent à accéder au marché du travail, soulève Mme Vives.

Venezuela

PHOTO FEDERICO RIOS ESCOBAR, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Migrants du Venezuela à bord d’un camion en direction de la Colombie, en 2019

Plus de 5 millions de Vénézuéliens ont été forcés de quitter le pays depuis 2015, malmenés par des années de crise politique et économique ayant mené à des pénuries de nourriture et de médicaments. Seulement en Colombie, environ 1,7 million d’habitants du Venezuela ont été accueillis, d’après l’Agence des Nations unies pour les réfugiés. « Ces migrants ont quand même des problèmes en Colombie, note Luna Vives. Beaucoup se retrouvent sans-abri. » La Colombie souffre elle-même de pauvreté, en plus d’avoir vécu des conflits ayant causé des déplacements internes de populations, explique la professeure.

Afghanistan

PHOTO FOURNIE PAR LA MARINE AMÉRICAINE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Gens montant à bord d’un avion de l’armée américaine pour fuir l’Afghanistan, à l’aéroport de Kaboul, en août 2021

Avant la reprise de l’Afghanistan par les talibans en août dernier, l’ONU estimait à 2,6 millions le nombre de personnes déracinées de ce pays. Un nombre qui augmente depuis l’été, notamment avec la promesse du Canada d’accueillir 40 000 Afghans sur une période de deux ans. En ce qui concerne l’accueil par les pays voisins, environ 1,5 million d’Afghans ont trouvé refuge au Pakistan, au cours des quatre décennies de conflits qui ont marqué le pays. L’Iran a pour sa part reçu près de 800 000 personnes venues d’Afghanistan. Mais ces terres d’accueil sont elles aussi aux prises avec des conflits, expose Luna Vives. Cette situation complique la vie des Afghans déplacés, qui subissent bien souvent de la discrimination, note la professeure. « Comme les enfants afghans au Pakistan qu’on ne laisse pas aller à l’école, illustre-t-elle. Il y a aussi des cas d’abus et de torture [de réfugiés afghans] bien documentés. »

Soudan du Sud

PHOTO ASHRAF SHAZLY, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Réfugiés sud-soudanais dans le camp d’Al-Waral, au Soudan, en 2017

La guerre civile, qui a fait rage au Soudan du Sud de 2013 à 2020, a forcé plus de 2 millions d’habitants à fuir la violence hors du pays, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés. Ces Sud-Soudanais du Sud ont notamment trouvé refuge au Kenya, au Soudan (du Nord), en Ouganda ou en Éthiopie, fuyant le conflit opposant les partisans du président Salva Kiir (de l’ethnie Dinka) et ceux de l’actuel vice-président Riek Machar (de l’ethnie Nuer). Comme c’est souvent le cas lors de guerres, le nombre de personnes déplacées à l’extérieur du pays est presque équivalent à celui des déplacés internes. Environ 2 millions de personnes ont quitté leur maison pour se réfugier dans d’autres villes ou régions du Soudan du Sud, d’après l’ONU. Ce conflit a été marqué par la « situation de vulnérabilité extrême » des personnes déplacées, explique Mme Vives. Des femmes et des enfants ont dû quitter leur maison à pied, sans argent. Souvent, ils ont été accueillis au sein de camps de réfugiés, où ils resteront fort probablement toute leur vie, précise la professeure.

Crises humanitaires ou vagues migratoires ?

Lorsque des milliers, des centaines de milliers ou même des millions de personnes doivent quitter leur pays en raison d’un conflit, il vaut mieux ne pas utiliser les termes « vagues » ou « flux migratoires », selon Luna Vives. Cette façon de désigner les personnes déplacées « leur enlève un peu de leur humanité », avance-t-elle. Parler plutôt de crises humanitaires permet de ramener l’humain au cœur du problème et ainsi rappeler qu’il s’agit de gens avec des droits, fait remarquer la professeure.

En savoir plus
  • 82,4 millions
    Nombre de personnes déplacées dans le monde en 2020, en raison de persécution, de conflits ou de violences
    SOURCE : Agence des Nations unies pour les réfugiés
    86 %
    Proportion des personnes déracinées accueillies dans des pays en développement
    SOURCE : Agence des Nations unies pour les réfugiés