Plus de 12 heures après la fermeture des bureaux de vote au Kentucky, aucun média n'a encore déclaré un vainqueur dans la primaire démocrate tenue dans cet État. Avec une avance d'environ 1 800 votes sur Bernie Sanders, Hillary Clinton a revendiqué la victoire, et le Parti démocrate du Kentucky lui a conféré le titre de gagnante.

Aussi courte soit-elle, cette victoire présumée de Clinton lui permet d'éviter le pire : une soirée électorale se soldant par deux défaites. Car Sanders a remporté l'autre primaire de la journée, celle de l'Oregon, récoltant 54,5% des suffrages contre 45,5% pour sa rivale. Il finit donc la soirée avec quatre délégués de plus que l'ancienne secrétaire d'État, ce qui est nettement insuffisant pour lui donner des chances de combler son retard sur Clinton en matière de délégués «élus».

Les derniers scrutins démocrates auront lieu les 5 (Porto-Rico), 7 (Californie, New Jersey, Nouveau-Mexique, Dakota-du-Nord, Dakota-du-Sud et Montana) et 14 juin (District de Columbia). Ils devraient permettre à Clinton de revendiquer l'investiture démocrate.

Mais la candidate démocrate présumée à l'élection présidentielle risque de se retrouver à la tête d'un parti désuni. Hier, Sanders a qualifié de «sottises» les accusations de violence formulées contre ses partisans du Nevada, où la convention démocrate de l'État a donné lieu samedi à des scènes chaotiques. Et il a reproché aux dirigeants démocrates locaux d'avoir recouru à leur «pouvoir pour empêcher la tenue d'un processus équitable et transparent».

Cette controverse est un peu surréaliste dans la mesure où Clinton a remporté les caucus du Nevada par six points de pourcentage en février. Samedi, les partisans de Sanders souhaitaient priver la gagnante de son avance de quatre ou cinq délégués à l'occasion d'une convention qui n'allait rien changer à l'allure générale de la course à l'investiture démocrate.

Mais revenons sur Terre : dans cet article, le New York Times cite des élus démocrates, dont la sénatrice de Californie Barbara Boxer, cible d'insultes et de huées au Nevada, qui craignent des manifestations de la part des partisans de Sanders à l'occasion de la convention nationale de Philadelphie en juillet.

«J'ai un message aux partisans de Bernie qui projettent des actions de désobéissance civile (à Philadelphie) parce que le système est truqué, a-t-elle dit. Ils devraient appuyer le candidat démocrate qui a le plus de votes. Ils devraient appuyer le candidat qui a le plus de délégués. Il n'y a pas lieu de protester contre ça.»

Sanders aura certainement son mot à dire au cours des prochaines semaines pour calmer, canaliser ou exacerber les frustrations de ses partisans les plus ardents, dont certains n'ont aucune attache au Parti démocrate. Pour le moment, l'homme semble plus amer qu'heureux à l'approche d'une campagne qui a pourtant dépassé ses propres attentes.