Le 17 août, Donald Trump a participé à sa première réunion d'informations confidentielle avec des représentants des services de renseignement américains, un privilège réservé aux candidats présidentiels des principaux partis pour les préparer aux responsabilités de la Maison-Blanche. Allait-il confirmer les craintes de certains en utilisant à mauvais escient ces informations?

Trump a répondu à cette question hier soir lors du forum télévisé sur la question nationale. Selon des anciens spécialistes du renseignement, il a ainsi créé un précédent en donnant des détails, réels ou imaginés, sur cette rencontre et en les politisant.

Durant le forum, le modérateur Matt Lauer a demandé à Trump s'il avait appris quelque chose sur la situation du groupe État islamique lors de la rencontre du 17 août. Le candidat républicain a répondu par la négative, avant d'ajouter qu'il avait cependant été «très surpris» d'apprendre que «Barack Obama n'avait pas suivi... ce que nos experts ont dit de faire... Et j'étais très, très surpris. Je pouvais voir - je suis très bon pour lire le langage corporel - je pouvais voir qu'ils n'étaient pas heureux», a déclaré Trump (voir la vidéo qui coiffe ce billet).

Les spécialistes du renseignement ont réagi avec scepticisme aux propos de Trump, comme on peut le lire dans cet article du Washington Post. D'une part, ont-ils dit, il n'entre pas dans les responsabilités des professionnels du renseignement de dire au président ce qu'il doit faire. D'autre part, les spécialistes du renseignement qui tiennent les rencontres d'informations sont choisis pour leur professionnalisme et leur capacité à ne pas trahir verbalement ou corporellement leurs préférences, comme le souligne un ancien analyste de la CIA cité dans l'article du Washington Post.

«Je n'ai jamais rien vu de tel» en 40 ans de métier, a déclaré l'ancien directeur de la CIA et de la NSA, Mike Hayden, en faisant allusion aux propos de Trump, auquel il est opposé (il ne votera cependant pas pour Hillary Clinton). «Un candidat politique a utilisé la séance d'informations menée dans un contexte apolitique par des professionnels du renseignement pour défendre un point de vue dans une campagne politique», a-t-il déclaré à NBC News.

Cela dit, il s'est passé quelque chose d'inhabituelle lors de la rencontre du 17 août, selon quatre personnes contactées par NBC News. À plusieurs reprises, selon ces témoignages, le général retraité Michael Flynn, qui accompagnait Trump, a interrompu les responsables de la rencontre d'informations. Selon deux de ces sources, le gouverneur du New Jersey, également présent lors de la rencontre, a dit à Flynn «Ferme-la» et «Calme-toi».

Deux autres sources ont dit que Christie avait touché le bras de Flynn pour le calmer. Ce dernier n'a pas commenté les informations de NBC.