«Même si vous pensez que ce n'était pas assimilable à de la trahison, ou anti-patriotique, ou de la mauvaise merde, vous auriez dû appeler le FBI immédiatement.»

Telle est du moins l'opinion de Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, à propos de la rencontre à laquelle Donald Trump fils, Jared Kushner et Paul Manafort ont participé avec l'avocate russe Natalia Veselnitskaya à la Trump Tower de New York le 9 juin 2016. L'avocate avait été décrite au fils du futur président comme une personne proche du pouvoir russe et possédant des documents susceptibles d'incriminer Hillary Clinton.

Bannon a fait cette déclaration au journaliste Michael Wolff, auteur de Fire and Fury : Inside the Trump White House, un livre à paraître mardi prochain dont le quotidien The Guardian cite aujourd'hui quelques passages sulfureux.

Selon les confidences de Bannon à Wolff, la Maison-Blanche fait fausse route si elle croit que le procureur spécial Robert Mueller, chargé d'enquêter sur l'affaire russe, complétera rapidement sa mission. «Vous réalisez ce qui ce passe», a dit Bannon à Wolff. «Tout cela concerne le blanchiment d'argent. Mueller a choisi [le vétéran procureur Andrew] Weissman en premier et il est un spécialiste du blanchiment d'argent. Leur voie pour épingler Trump passe par Paul Manafort, Don Jr et Jared Kushner... C'est aussi évident que le poil sur votre visage.»

Bannon estime que la famille Kushner, qui a emprunté des centaines de millions de dollars à la Deutsche Bank, est particulièrement vulnérable. «Cela passe par la Deutsche Banl et toute la merde des Kushner. La merde des Kushner est graisseuse. Ils vont tout dévoiler.»

Concernant le fils du président, il précise : «Ils vont faire craquer Don Junior comme un oeuf à la télévision.»

Selon The Guardian, Bannon nie tout contact personnel avec des représentants russes au cours de la campagne présidentielle de 2016.

Cela dit, il n'est pas le seul aujourd'hui à évoquer les liens financiers douteux entre les Trump et la Russie. Dans une tribune publiée par le New York Times, les fondateurs de la firme Fusion GPS, qui a commandé à l'ex-espion britannique Christopher Steele un dossier sur les rapports entre le futur président et la Russie, accusent les républicains du Congrès de fermer les yeux sur ces liens.

«Nous avons suggéré aux enquêteurs [du Congrès] de jeter un coup d'oeil aux dossiers bancaires de la Deutsche Bank et des autres institutions qui ont financé les entreprises de M. Trump. Le Congrès semble désintéressé par cette suggestion. [...] Nous avons dit au Congrès que, de Manhattan à Sunny Isles, en Floride, en passant par Toronto et Panama, nous avons découvert quantité de preuves que M. Trump et son organisation avaient noués avec un vaste éventail de Russes douteux des arrangements qui soulevaient la possibilité de blanchiment d'argent. Là non plus, ces transactions ne semblent pas intéressés le Congrès», écrivent Glenn Simpson et Peter Fritsch, qui ont été journalistes au Wall Street Journal avant de fonder Fusion GPS.

Selon Simpson et Fritsch, Steele n'a jamais su pour qui il travaillait (les services de Fusion GPS ont été retenus par le site conservateur The Washington Free Bacon et l'équipe de campagne d'Hillary Clinton). Steele a lui-même décidé que les informations de son dossier, dont plusieurs ont été confirmées, devaient être communiquées au FBI, qui avait déjà été alertée d'une ingérence russe présumée dans l'élection présidentielle américaine par plusieurs gouvernements étrangers, dont celui d'Australie.

«M. Steele voyait cela comme un crime en cours», écrivent les fondateurs de Fusion GPS.