Que vaut la parole de Mitch McConnell? Chuck Schumer et ses collègues démocrates ont décidé de donner une autre chance au chef de la majorité au Sénat de prouver que la réponse n'a pas la consistance de l'air. Ils ont accepté de voter en faveur d'un budget provisoire permettant le financement des agences fédérales jusqu'au 8 février en échange de la tenue d'un vote pour régulariser le statut des «Dreamers» si un accord sur cette question n'est pas conclu d'ici cette date.

À l'annonce de cette entente qui mettra fin à la fermeture partielle du gouvernement fédéral, la Maison-Blanche et ses alliés ont crié victoire et décrit la décision des démocrates comme une reddition humiliante (certains progressistes sont arrivés à la même conclusion). Le chef de la minorité au Sénat a déclaré de son côté que McConnell trahirait les démocrates et certains républicains du Sénat s'il ne respectait pas son engagement de tenir un vote sur les «Dreamers». Cela étant, l'adoption d'un projet de loi sur les «Dreamers» au Sénat n'engagerait en rien la Chambre des représentants, où la majorité républicaine pourrait bien décider de ne pas y donner suite.

Reste que tous les dirigeants du Congrès ainsi que le chef de la Maison-Blanche ont promis de régulariser le statut de ces quelque 800 000 jeunes clandestins qui risquent de perdre leur protection contre l'expulsion à partir du 5 mars. Eux aussi pourraient crier à la trahison si rien n'est fait pour leur permettre de continuer à étudier et à travailler aux États-Unis.

S'il est vrai qu'un tien vaut mieux que deux tu l'auras, les démocrates peuvent se réjouir d'au moins une chose à la suite de l'adoption du budget provisoire: la mesure est accompagnée du renouvellement pour une période de six ans du programme d'assurance maladie CHIP pour les enfants pauvres.

Détail important : les démocrates pourront décider d'engager un nouveau bras de fer avec les républicains quand le budget provisoire adopté aujourd'hui prendra fin dans trois semaines. Ils devront cependant décider s'ils sont prêts à se battre sur une question qui permet à leurs adversaires de les accuser de s'intéresser davantage aux «immigrants illégaux» qu'aux citoyens américains.

Le projet de budget provisoire, faut-il préciser, doit également être adopté par la Chambre et ratifié par le président.