Un accord sur un gouvernement d'union au Zimbabwe a été conclu jeudi soir, pas décisif vers une sortie de la crise politique née de la défaite du régime aux élections générales du 29 mars et ouverture désespérément attendue pour le déblocage de l'aide internationale.

«Un accord a été conclu sur tous les points de discussion et il y aura une cérémonie officielle de signature lundi à 8h00 ici à Harare», a déclaré le médiateur de l'Afrique australe dans les négociations, le président sud-africain Thabo Mbeki.

«Tous les négociateurs», à savoir le président Robert Mugabe, le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai et le dirigeant d'une faction dissidente, Arthur Mutambara, «ont avalisé le document et l'ont signé», a-t-il ajouté.

Les détails sur la constitution et la composition du gouvernement, qui associera toutes les parties, seront annoncés lundi lors de la cérémonie de signature, à laquelle assisteront des dirigeants de l'Afrique australe et du continent, a continué M. Mbeki.

Le médiateur s'est refusé à toute précision sur le contenu de l'accord. Mais c'est de la réalité du partage du pouvoir que dépendra l'aide internationale massive dont dépend le Zimbabwe pour s'extraire du marasme économique dans lequel s'enfonce depuis huit ans l'ancien grenier à grains de la région.

La production est désormais au point mort et les denrées de premières nécessité ont disparu d'un pays miné par une hyperinflation qui a franchi en juillet plus de 11 millions de pour cent en taux annuel. De trois à cinq millions de Zimbabwéens sont menacés de famine.

«C'est un bon accord pour le Zimbabwe», a déclaré sans davantage de détail le porte-parole du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de M. Tsvangirai, Nelson Chamisa. «Nous devons maintenant aller de l'avant (...), définir une nouvelle Constitution, réconcilier la nation, redresser l'économie et assurer de la nourriture pour le peuple», a-t-il dit à l'AFP.

Le parti de M. Mugabe, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), s'est refusé à tout commentaire.

Les difficiles pourparlers pour un partage du pouvoir avaient été entamés en août sous l'égide du président Mbeki. Ils achoppaient sur le contrôle de l'exécutif, que M. Tsvangirai revendiquait au nom de sa victoire électorale mais que M. Mugabe, ancien héros de la lutte pour l'indépendance, n'entendait pas lâcher.

Après le choc de sa défaite le 29 mars, lorsque le MDC avait renversé la majorité parlementaire et emporté le 1er tour de la présidentielle, le plus vieux chef d'Etat du continent, 84 ans dont 28 au pouvoir, avait déchaîné l'appareil de répression contre l'opposition.

Il avait été réélu, seul en lice, au 2ème tour de la présidentielle fin juin, son principal opposant ayant jeté l'éponge face aux violences.

Les négociations avaient été interrompues le 12 août, après trois jours de discussions. Elles n'avaient repris que lundi dernier, après de multiples tentatives régionales pour relancer le dialogue.

«Nous espérons que le reste du monde va appuyer l'accord», a déclaré M. Mbeki. «A partir de maintenant, le gouvernement du Zimbabwe va travailler avec l'appui de l'Afrique australe et du continent à mobiliser le soutien de l'Afrique et du reste du monde pour aider le peuple du Zimbabwe», a-t-il affirmé.

Selon la télévision publique sud-africaine SABC, les discussions portaient jeudi sur une forme de gouvernement à double contrôle.

M. Tsvangirai aurait proposé de constituer un conseil des ministres, qu'il dirigerait en tant que Premier ministre, chargé de la mise en oeuvre des politiques et de l'allocation des ressources. Le chef de l'Etat conserverait quant à lui la tête d'un gouvernement tripartite.

Selon la SABC, le vieux président refusait cette solution. Quelques heures avant l'annonce de l'accord, il affirmait encore que les négociations étaient bloquées parce que «ceux du MDC veulent toujours gouverner».