Le chef de l'État français Nicolas Sarkozy se rend à Damas mercredi et jeudi, où il s'entretiendra avec le président Bachar al-Assad, et pourrait organiser à cette occasion un sommet pour favoriser des négociations indirectes entre la Syrie et Israël.

Ce voyage confirme sa volonté de normaliser au plus haut niveau les relations entre la France et la Syrie, après avoir reçu M. Assad à Paris en juillet.

Soucieux d'imposer la France et l'Europe dans le jeu diplomatique proche-oriental, largement dominé par les États-Unis, M. Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne (UE), souhaite organiser pendant sa visite un sommet quadripartite dans la capitale syrienne.

Selon deux quotidiens arabes, Asharq Al-Awsat et al-Hayat, il réunirait, outre la France et la Syrie, la Turquie et le Qatar et porterait sur les négociations indirectes entre la Syrie et Israël.

La Turquie a annoncé lundi qu'elle participerait jeudi à des entretiens quadripartites à Damas à l'occasion de la visite de M. Sarkozy.

«Il est question» d'organiser un tel sommet mais pour l'instant «rien n'est confirmé», a indiqué lundi à l'AFP une source française proche du dossier.

La radio publique israélienne a annoncé, lundi également, qu'Israël et la Syrie allaient reprendre prochainement leur négociations indirectes sous l'égide d'Ankara.

La visite à Damas de M. Sarkozy est la première d'un chef d'État français depuis celle de son prédécesseur Jacques Chirac en octobre 2002.

«Je me rendrai en Syrie pour poursuivre un dialogue nécessaire avec ce pays», avait affirmé le chef de l'État le 27 août, expliquant qu'il refusait que se poursuive «l'isolement» de Damas.

Sous l'impulsion de M. Chirac, Paris avait gelé ses contacts à haut niveau avec Damas après l'assassinat de l'ex-premier ministre libanais Rafic Hariri en février 2005. La Syrie est en effet soupçonnée par la communauté internationale d'être derrière cet assassinat, ce qu'elle dément.

M. Sarkozy, accompagné du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, devrait arriver à Damas mercredi dans l'après-midi et repartir pour Paris jeudi soir.

Outre un entretien mercredi avec le président Assad, puis un dîner de travail dans la soirée, il doit également inaugurer le lendemain dans la capitale syrienne le lycée français Charles de Gaulle.

Une rencontre avec la communauté française est prévue jeudi.

En novembre 2007, un premier contact téléphonique avait eu lieu entre MM. Sarkozy et Assad. Mais le 30 décembre, M. Sarkozy avait décidé de rompre à nouveau les contacts bilatéraux à haut niveau, accusant Damas de bloquer l'élection du président libanais.

L'élection de Michel Sleimane a finalement eu lieu le 25 mai, ouvrant ainsi la voie à une normalisation. Et le 13 juillet M. Sarkozy invitait M. Assad à participer au sommet de l'Union pour la Méditerranée à Paris et le lendemain au défilé de la fête nationale française sur les Champs-Élysées, suscitant les vives critiques de l'opposition.

La veille, il l'avait reçu à l'Élysée, insistant à cette occasion sur «le rôle essentiel» de la Syrie au Proche-orient.

M. Sarkozy a rappelé la semaine dernière que cet entretien du 12 juillet avait «permis d'enregistrer deux nouvelles avancées: l'annonce de l'établissement de relations diplomatiques entre Beyrouth et Damas» et «la décision de la Syrie de voir, le moment venu, la France co-parrainer avec les États-Unis la négociation directe syro-israélienne».