Des punks allemands aux indigènes aïnous, un millier d'opposants au sommet du G8 campaient lundi à proximité de la station thermale japonaise où se réunissaient les dirigeants des pays industrialisés.

Les services de sécurité ont bloqué tous les accès à l'hôtel de luxe de Toyako, dans l'île septentrionale de Hokkaido, où se tient le sommet.

Mais les autorités japonaises ont permis les altermondialistes de s'installer dans une prairie située de l'autre côté du lac Toya, à une trentaine de kilomètres du site où négocient les «grands» de ce monde.

En leur permettant de rester sur place, les organisateurs du sommet espèrent garder un oeil sur les contestataires et prévenir d'éventuels débordements.

Une cinquantaine de militants ont malgré tout tenté lundi de s'approcher du sommet, mais ont été bloqués par une centaine de policiers anti-émeutes équipés de matraques et boucliers.

«C'est pas ça, la démocratie !», a hurlé un des manifestants.

Après un face à face d'une demi-heure, les altermondialistes sont retournés vers leur camp de base et devront se contenter de crier leurs slogans depuis la rive du lac Toya.

Venus des États-Unis, d'Europe, d'Asie du Sud-Est ou de Corée du Sud, les militants ont déployé des drapeaux et des banderoles proclamant «Non au G8 !» devant leurs tentes, sous le regard ébahi des paysans de cette région reculée du nord de l'archipel.

Kenichi Kawamura, un militant d'origine aïnoue, a adressé une prière aux dieux de son peuple, au milieu du campement.

«Les dirigeants du G8 viennent sur nos terres et agissent à leur guise. Protégez-nous», a imploré en langue aïnoue cet homme de 57 ans, revêtu d'une robe traditionnelle et coiffé d'un bandeau.

Installés dans l'archipel depuis des millénaires, les indigènes Aïnous ont été progressivement repoussés dans l'île de Hokkaido et viennent seulement de se voir reconnus comme «peuple autochtone» par le parlement japonais.

Tous les matins depuis quelques jours, les campeurs se rendent en autocar dans divers points de l'île où les altermondialistes tiennent forum.

Plusieurs milliers de manifestants ont ainsi convergé samedi à Sapporo, la capitale de Hokkaido, pour défiler contre la réunion du G8. Une marche pacifique, marquée toutefois par l'arrestation de trois manifestants et d'un journaliste.

Un punk allemand, Posti, regrettait la faible ampleur de la contestation dans l'archipel.

«Les manifestations sont plus réduites qu'en Allemagne l'année dernière», déplorait-il.

Le sommet du G8 de Heiligendamm (Allemagne) en 2007 avait été marqué par des manifestations de plusieurs dizaines de milliers de personnes, ponctuées d'affrontements avec les forces de l'ordre.

Le gouvernement japonais a déployé quelque 40 000 policiers à Hokkaido et à Tokyo pour la durée du sommet et renforcé les contrôles dans les aéroports.

Les organisateurs des contre-forums se sont plaints d'être présentés comme des «terroristes» et ont protesté contre le refoulement à la frontière de plusieurs militants.