À la limite entre la Géorgie et la république séparatiste d'Abkhazie, les militaires russes se livraient mardi à un étranger ballet, certains quittant le territoire sous contrôle géorgien et d'autres y pénétrant.

Vers la mi-journée, un journaliste de l'AFP a pu voir un convoi formé de dix-neuf véhicules militaires russes franchissant cette limite, par le village de Roukhi, dans le nord-ouest de la Géorgie.

Ils avaient quitté dans la matinée la base militaire géorgienne qu'ils occupaient à Teklati, à une quarantaine de kilomètres plus au sud.

Le convoi comprenait des chars légers, des blindés à chenilles et des camions militaires.

Des militaires en treillis, engoncés dans des gilets pare-balles et le visage couvert de foulards pour le protéger de la poussière, montés sur les transports de troupes blindés, étaient aux aguets, leur kalachnikov à la main. Un soldat, en revanche, prenait avec une petite caméra des images du verdoyant paysage géorgien.

Après être entrés en Abkhazie, des blindés légers s'arrêtent. Des officiers crient des ordres. Les soldats se déploient près d'une guérite abandonnée, qui généralement fait office de poste de contrôle côté abkhaze.

D'autres prennent position dans les buissons autour.

Après une trentaine de minutes, suite au passage d'une dizaine de camions, dont certains frappés de l'enseigne MC, initiales des forces de maintien de la paix en langue russe, ils lèvent le dispositif en avançant davantage en Abkhazie.

À Roukhi, la maison d'Hachava et Dzabouli Zamiri, un couple de sexagénaires géorgiens, est presque collée à la ligne de démarcation.

Sous une chaleur accablante, essuyant son crâne chauve avec un mouchoir bleu déjà mouillé, Hachava, regarde les troupes russes partir. Son épouse offre des poires aux journalistes de passage et soupire: «Peu m'importe que les Russes restent ou que les Américains les remplacent. Je veux la paix».

«On a tous peur, tout ce que nous voulons c'est avoir la paix», insiste de son côté Hachava.

Dans le même temps, un 4x4 blanc frappé des enseignes de l'ONU fait des allers et retours des deux côtés de la limite.

Un moment désert, le poste de contrôle s'anime lorsqu'un convoi d'une trentaine de camions de l'armée russe, encadré par des transports de troupes blindés, pénètre en territoire contrôlé par la Géorgie depuis l'Abkhazie, probablement pour embarquer des soldats ou des équipements, les camions étant vides.

À Paris, le représentant de la Russie auprès de l'OTAN, Dmitri Rogozine, a affirmé mardi que le retrait russe avait «déjà commencé» précisant toutefois que l'application du plan de paix prendrait «quelques jours» et que des soldats de la paix russes resteraient en Ossétie du Sud, l'autre république séparatistes autoproclamée, à l'origine du conflit entre la Russie et la Géorgie ces derniers jours.

Par ailleurs, à la base de Teklati, un journaliste de l'AFP a pu observer des activités des forces russes qui pourraient annoncer d'autres départs, des soldats sortant des pièces d'artillerie devant l'entrée de la base.

À Khobi, entre Teklati et Roukhi, sur la route vers la ligne de démarcation avec l'Abkhazie, un panneau montre le président géorgien Mikheïl Saakachvili avec pour slogan: «La Géorgie sans pauvreté»!

Au passage du convoi, des militaires russes lèvent trois doigts, symbole de la victoire.

«J'espère qu'ils partiront tous», a lancé derrière eux une Géorgienne sortant d'un magasin.