La catastrophe d'un Boeing 737 dimanche au Kirghizstan a fait 65 morts, dont 41 Iraniens, la compagnie aérienne kirghize propriétaire de l'avion évoquant lundi l'hypothèse d'un «acte terroriste», réfutée par les autorités locales.

«Soixante-cinq passagers ont été tués, 22 ont été hospitalisés et trois ont regagné leur domicile», a déclaré le premier ministre, Igor Tchoudinov, au cours d'une rencontre avec le président kirghiz, Kourmanbek Bakiev, retransmise à la télévision.

Au total, 90 personnes se trouvaient à bord de l'appareil qui devait relier la capitale kirghize à Téhéran et qui s'est écrasé peu après son décollage de Bichkek dimanche soir: 83 passagers, six membres d'équipage et un représentant de la compagnie iranienne Aseman Air qui avait loué l'avion à la compagnie kirghize Itek Air.

Parmi les 65 victimes figurent 48 ressortissants étrangers, dont 41 Iraniens, trois Kazakhs, deux Canadiens, un Turc et un Chinois, selon le dernier bilan du gouvernement. Trois membres d'équipage kirghiz figurent également parmi les victimes.

«Nous supposons qu'il s'agit peut-être d'un acte terroriste», a affirmé à des journalistes le porte-parole de la compagnie aérienne Itek Air, Nazgoul Assanbekova, laissant entendre que l'attentat pouvait viser des ressortissants iraniens.

«Tous nos avions qui font des vols vers la Russie ou la ville d'Och (au Kirghizstan) sont dans un excellent état. Et là, il s'agit d'un avion dont une grande partie de passagers étaient des Iraniens. Vous comprenez?», a-t-elle suggéré.

Mais l'hypothèse d'un attentat a été fermement rejetée par le ministre kirghize des Transports, Nourlan Soulaïmanov: «Il est clair que la raison de l'accident n'est pas un acte terroriste», a-t-il dit au cours d'une conférence de presse. Selon lui, «une commission spéciale et le Parquet chargé des Transports mettront un point final à l'enquête».

Les boîtes noires de l'appareil sont entre les mains du Parquet et «seront examinées très prochainement», a indiqué pour sa part le premier ministre.

Le Boeing, qui appartenait à la compagnie privée kirghize Itek Air, était loué par la compagnie iranienne Aseman Airlines, selon un représentant de l'aviation civile kirghize, Alexandre Axionov.

Le président kirghiz a décrété une journée de deuil national mardi.

Itek Air figure sur la liste noire des compagnies aériennes interdites d'exploitation au sein de l'Union européenne.

Un survivant de l'accident, Ali Hazemi Longnedy, interrogé par l'AFP dans un hôpital de Bichkek, a raconté qu'il y avait eu un puissant incendie à bord.

«J'étais assis avec mes deux soeurs dans les derniers rangs, à l'arrière de l'avion. Deux minutes après le décollage, le pilote est venu et nous a dit que quelque chose se passait avec le moteur. Et tout d'un coup, dans la partie avant de l'avion, un incendie s'est déclaré», a indiqué ce passager.

«Il y avait de la fumée, j'avais mal aux yeux, j'avais du mal à respirer, j'avais l'impression que tout brûlait à l'intérieur de mon corps. Je me suis couché par terre. J'ai pensé que j'étais déjà mort. Mais j'ai vu qu'un autre Iranien avait réussi à enfoncer une porte, j'ai couru vers cette porte et je suis sorti. J'ai vu derrière moi une explosion avec un énorme champignon de fumée. Après, il y a eu une deuxième explosion», a-t-il raconté.

Un avion de la compagnie espagnole Spanair, qui devait assurer la liaison entre Madrid et l'archipel espagnol des Canaries, s'était écrasé mercredi au décollage de l'aéroport de la capitale espagnole, provoquant la mort de 154 personnes.